DIEU, OURAGANS ET SOURIS...
par: Eloy Roy
Liberté
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Mis en cage le Quetzal meurt (photo Namer) |
On a longtemps
pensé que le meilleur moyen de protéger la liberté était de la garder en cage…
Le miracle
Malgré les efforts
que nous faisons pour nous autodétruire, l'humanité est toujours en expansion;
nous grandissons en nombre, mais aussi en connaissance et même en conscience.
N'est-ce pas un très grand miracle?...
La croix
La croix qui
libère ne consiste pas à choisir le Ciel en se détournant de la Terre, ni à
choisir Dieu en renonçant à l’Humain, mais à faire corps avec les deux comme la
barque et la voile.
Eppur
si muove!
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Pngtree |
On ne «sent» pas que la Terre tourne, et
pourtant, après des millénaires d'observation, il a bien fallu reconnaître qu'elle
tourne bel et bien. De même, ne pas «sentir»
de façon immédiate l'existence de Dieu, ne pas pouvoir le voir, le toucher, l'analyser
comme on observe, palpe et décortique n'importe quel objet, est loin d'être une
preuve qu'il n'existe pas. C'est seulement la preuve que Dieu n'est pas un objet.
C'est aussi la preuve que les outils faits
pour fouiller la matière et la comprendre, ne sont pas très utiles pour
explorer les champs qui dépassent la matière.
Mais ici se pose la grande question: existe-t-il vraiment quelque chose en dehors de
la Matière? Est-ce que Dieu ne serait pas simplement la Matière elle-même faite
de vie, d'intelligence et d'un amour qui dépassent tout: un Dieu à la fois
infiniment immanent et infiniment transcendant ?...
Honte
La foi
au Dieu de la vie ne se greffe pas sur l'arbre pourri de croyances primitives
basées sur des légendes et sur la peur.
J'aurai honte de dire que je crois en Dieu tant que le vieux dieu de la
terreur me barrera le chemin.
Ce vieux dieu, dont la Bible déborde: le
Super Mâle, l'Œil qui voit tout, le Big Brother, le grand Psychopathe dans les
cieux, on a beau l'avoir déclaré mort, il est toujours là quelque part au fond
de notre inconscient.
Maintes fois on a tenté de le recycler en lui prêtant des gentillesses,
des miséricordes, des tendresses, des pardons, mais rien n'y fait.
Tout Autre est le Dieu qui s'est manifesté en Jésus. Mais sur l'arbre a moitié calciné par les foudres du dieu
de la Loi, ce Dieu toujours neuf a toutes les peines du monde à se greffer.
Il faut d'abord se désintoxiquer, se décontaminer en profondeur des
vestiges du dieu des enfers pour faire
place au Dieu de Jésus.
Le Dieu qui se révèle en Jésus n'est
pas séparé de l'humain. Il ne le domine pas. Il ne le fait pas marcher à coups
de bâton. Ce Dieu ne fait qu'un avec l'humain. Il marche avec lui. Il partage
ses douleurs, ses chutes, ses revers. Il partage aussi en plénitude ses rêves
les plus fous, jusqu'à défier la mort et en venir à bout.
Nos ancêtres moins gâtés
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Canoe |
Il n’y a pas si longtemps, notre peuple du
Québec et du Canada français connaissait une grande insécurité. Loin des
centres de décision, il n’avait prise sur rien.
Sauf quelques bourgeois qui
réussissaient à se débrouiller, la plupart de nos gens vivaient isolés dans des
coins perdus de la campagne. Ils avaient froid, ils avaient faim, ils avaient
peur du feu, des incendies, des tempêtes… des maladies, des bêtes, des
« ennemis »... Les hivers étaient durs. Pas de livres, pas de radio,
pas de chemins, pas de journaux, pas de nouvelles. Ils étaient à la merci de l’inconnu; la mort les
talonnait tout le temps. Ils n’avaient que Dieu. Il était leur seul refuge,
leur seule consolation, leur seul espoir. Ils avaient peur de lui aussi, mais
surtout peur de le perdre, peur d’être abandonnés de lui… S'ils n'avaient pas
été analphabètes, ils auraient pu écrire de leur propre plume, au moins 95% des
psaumes de la bible.
Petit Big Bang silencieux
En ce matin de printemps,
deux petites feuilles vert tendre
respirent au bout de la branche.
Hier soir,
elles n’étaient pas là;
elles sont nées de la nuit,
sans faire de bruit.
Les grains de moutarde
Dans l’Église catholique, tout n'est pas pourri,
ou mort. Les solidaires, les bénévoles, les femmes et les hommes de bonne
volonté et de courage abondent. Toutefois, dans le grand tableau d’ensemble,
ils ne font pas plus gros qu'une poignée de grains de moutarde.
Parmi ces grains de moutarde, il y a le pape
François et ses inconditionnels. Cependant, une bande de coquins, dont un
certain nombre de « pourprés », détestent François. En sus, il y a les endormis, les cyniques et
les déçus: leur masse est en perpétuelle croissance.
Les
souris
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Université Orléans |
Aujourd'hui je pense aux souris qui, tous les
jours, sont sacrifiées dans nos laboratoires. Je pense aussi à tous les autres
animaux qui nous donnent la vie: les bœufs de nos arrière-grands-parents, les gros
chevaux de nos labours, les porcs de nos rôtis, les moutons de nos mitaines,
les poules de nos œufs au miroir, les chiens, les chats, tout le gibier ailé et
poilu de nos chasses, et les poissons de nos pêcheries. Et les insectes qui
nous protègent d’une foule de parasites. Ajoutons à cela les herbes de toutes
sortes qui alimentent toute cette faune, et les fruits, les légumes qui sont
notre nourriture. Nous sommes faits d’eux. Nous sommes faits de leur chair et
de leur sang. Je les aime et les remercie.
Le
Vent et le Feu
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Esiee |
Curieuse coïncidence... Notre monde est justement
en train de découvrir que le Vent des éoliennes et le Feu du soleil vont nous
libérer du pétrole et sauveront la
planète.
Vent et Feu de Pentecôte, Éolien et Solaire: des
frères jumeaux, toujours neufs, propres et renouvelables! Pour l'Église: nouvelle
jeunesse! Avenir sûr pour le monde nouveau
qui germe entre ses flancs.
La vie
est toujours neuve
La vie, tant qu'elle dure, est neuve en
chacun de ses moments. Elle n'est jamais la somme de tous les vécus qui se
seraient empilés depuis le commencement. Comme l'eau de source qui est toujours
neuve, ainsi est la vie en moi. Elle coule tout le temps. En abondance. À gros
bouillons.
L'amour est toujours neuf aussi; un amour
vieux n'est plus de l'amour. S'il vieillit, il stagne, s'éteint, se perd.
Il n'y a pas de vieux Dieu non plus. Dieu est
toujours infiniment neuf. Il vieillit et meurt dès qu'on l'emprisonne. Il est
comme ces oiseaux - comme le quetzal des Mayas - qui refusent de manger et se laissent mourir si on les met en
cage; leur vie c'est la liberté.
L'Évangile de Jésus n'est jamais une vieille
Bonne Nouvelle. Si, un seul instant, l'Évangile cesse d'être neuf, il n'est
plus Bonne Nouvelle. Chaque page de ce que l'on raconte de Jésus est une
surprise. Chaque pas à sa suite est un pas de liberté et de créativité, et
souvent un impossible qui devient possible. Ainsi en était-il hier, ainsi en
est-il aujourd'hui, ainsi en sera-t-il demain et toujours.
Rien de plus semblable à la mort que ce qui
ne bouge ni ne change; rien de plus mort que ce qui est toujours pareil.
Arbre
et branche
L'arbre
et la branche ne font qu'un: l'arbre vit dans la branche et la branche
dans l'arbre. La même sève coule dans les deux.
Ils sont inséparables. Tout ce que la branche produit vient de l'arbre.
L'un, cependant, n'est pas l'autre, car l'arbre peut vivre sans la branche
alors que la branche ne peut pas vivre sans l'arbre. Jésus et moi nous sommes
un: lui en moi, moi en lui. (Jean 15, 5).
Les derniers
Les gagnants, nous les
couronnons parfois comme des dieux. C’est juste. Mais les autres, ceux qui sont
toujours à la queue?... Les éternels derniers, les perdants en beauté, en
amour, en amitié, en tendresse; les perdants au travail, dans les compétitions
sportives et dans les concours de canonisation, ils sont toujours là à faire la
queue attendant une chance qui ne vient jamais. Ils se morfondent et souffrent.
Chez Dieu, ça se passe autrement. Il aime couronner tout le monde, autant les
perdants que les gagnants. À tous et à toutes il verse le même salaire juste et
raisonnable, en commençant par qui? Par les perdants. Dieu n’est pas seulement juste, il est juste
et bon.
Les ouvriers de la vigne, Matthieu 20, 1-16
À Sarepta
Il ne se fait plus de miracles parmi nous
parce que nos académies et nos chaires de vérité croient déjà tout savoir et
tout comprendre. Mais à Sarepta, où on
ne prétend rien, c'est différent.
Plus de mystère
Nous avons tout fait pour
rendre notre foi raisonnable. Tout fait pour que le mystère ne soit plus
mystère. Nous avons fait disparaître le miracle. Nous avons décrété que Dieu
n’est jamais intervenu dans la vie des hommes et que jamais il ne le fera, car
nous possédons en nous tout ce qu’il faut pour réussir notre vie sur terre, et
assurer, après la mort, notre passage dans un éventuel au-delà, si jamais il y
en a un. Parce qu'on a cru ne plus avoir besoin de Dieu, Dieu est devenu
inutile. Il est donc logique que l’on songe à s'en débarrasser.
Notre intention n’était pas mauvaise. Nous nous
donnions la chance de prendre conscience de notre valeur et de grandir par nos
propres forces. Il fallait, en effet,
cesser de dépendre de notre Parent et devenir enfin adultes et autonomes.
C’est ainsi que, peut-être
sans le vouloir, nous avons évacué Dieu. Il est redevenu l’Autre,
l’Incommunicable. Peu à peu il s’est éteint et
est sorti de nos vies. La bible, l’évangile, la Révélation ont été
réduits au silence et rangés désormais parmi les curiosités folkloriques. Dieu, s’il existe
encore, est à la retraite. Même si chaque jour nous sommes témoins de nos
limites et de notre cruelle impuissance, il ne nous vient même pas à l’esprit
qu’il puisse venir à notre secours. Et bien qu’on continue parfois de le
supplier d’intervenir, il ne se passe rien parce que, au fond de nous-mêmes,
nous ne croyons pas que cela soit possible.
Pourtant tout a commencé avec
un homme qui justement rêvait l'impossible.
Abraham était cet homme. Il avait toujours
souhaité devenir père d’un grand peuple, mais il était maintenant très vieux et
n'avait même pas réussi à avoir un seul enfant de son épouse bien-aimée qui
était stérile et presque aussi âgée que lui. Dieu lui promit pourtant qu'il
aurait un fils. Abraham y mit du temps, mais
finit par y croire. Alors, le miracle s'accomplit. C'est dans cette foi au Dieu
de l'impossible qu'a commencé la grande aventure d'Abraham et de son peuple.
Une situation semblable s'est
répétée des siècles plus tard quand, du milieu du peuple d'Abraham, une jeune
fille appelée Marie devait être tuée à coups de pierres selon une vieille loi
religieuse du pays, car elle était tombée enceinte sans être mariée. À son tour,
elle crut au Dieu de l'impossible, et
elle eut la vie sauve. Jésus naquit de cette foi. Ainsi commença l'extraordinaire aventure de l'Évangile.
Lorsque ce même Jésus sera
mis à mort, les plus beaux rêves de ses partisans tomberont en poussière. On
roulera une énorme pierre à l'entrée de son tombeau en se disant: «Affaire
close, passons à autre chose!».
Sauf qu'il s'est passé autre
chose... après deux mille ans, Jésus est toujours debout.
Dieu n'est ni en haut, ni en
bas... Il est là où commence l'impossible, là où nos plus belles logiques se cassent
les dents.
Non né
Je suis non né, ou tout au plus à peine né.
Je suis à des milliards d'années-lumière de ce que je serai le jour où se
déploiera en moi le fruit de tout ce qui y a été semé. J'affirme la même chose de
chaque humain, ainsi que de l’univers et de toi qui me lis. Malgré les multiples
apparences contraires, je dis que, pour toi comme pour moi, le plus beau est
à-venir. Et qu'il viendra.
Lavement des pieds
En se penchant sur nous, Jésus nous arrose les pieds comme
si nous étions des plantes… pour que nous croissions en humanité.
On dirait aussi qu'il cire nos chaussures, comme les petits
lustrabotas des pays du Sud, alors que lui-même va nu-pieds comme eux…
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Casasdaribeira |
En se penchant sur nous pour nous laver les pieds ou
lustrer nos bottines, il nous dit: «Que les dirigeants parmi vous fassent de
même ». Par ces mots il vise les chefs d'État, mais d'abord ceux qui sont à la tête de l'Église.
Grand Recycleur
Jésus a pris sur lui nos déchets, nos
ordures, nos cancers, nos pourritures, notre mort et tout, et Dieu, par son
Souffle d'amour créateur, a tout transformé en lumière… « Grand
Recycleur » est un autre nom que je devrais donner au Ressuscité.
Technologie
et nature
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depositphoto |
Devant les avancées fulgurantes de la
technologie moderne, j'ai raison de m'extasier, mais l’eau, la pluie, le
soleil, l’air que je respire, cela ne m'émeut guère. Est-ce que par hasard les merveilles technologiques
seraient plus éblouissantes qu'un grain de sable, une goutte de pluie, une
feuille, un oiseau, une plume, ou plus
géniales que l'enjouement d'un ourson et le sourire d’un nourrisson? Qu'en
serait-il de nos belles inventions sans nos puits, sans nos vaches, sans les insectes
pollinisateurs?...
Le Saint Nom
À la suite des litanies du
Saint Nom de Jésus j'ajoute ceci: Tu es «le Grand-Trait-d'Union-de-l'Univers».
Signes
des temps
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Seigneurs en herbe |
Je dis que Dieu n’est pas méchant. Quand
s'approche un malheur, il nous prévient.
Avant le Déluge il a dit à Noé: «Bâtis une arche»…
Aujourd'hui notre planète agonise et Dieu
nous dit de mille manières et tous les jours: «Réveillez-vous! Vous courez au
suicide!»
Le malheur, c'est que les Noé ne pleuvent
pas. La pauvreté, la faim, la misère, les sécheresses, le sous-développement
sont pour une large part la cause des grands bouleversements climatiques et
sociaux de notre planète. Avec quelques milliards de dollars nous pourrions
régler ce grave problème. Mais nous préférons continuer d'investir dans le
pétrole et dans les armes. En réalité, on ne veut pas vraiment la croissance
des petits : ils nous font peur, comme autrefois les Hébreux en Égypte...
Entre-temps, les catastrophes se multiplient.
Et nous n'avons pas d'arche pour les affronter;
il ne nous reste que des sacs de sable...
Méga
ouragan
Il est de catégorie 110. Son œil géant scrute
la planète dans ses moindres recoins.
Tel un drone colossal, il tournoie au-dessus de nos têtes. Par ses
multiples tentacules il triture tout sur son passage en laissant des milliards
d’êtres humains sombrer dans une sous-humanité absolue. Je veux parler du
féroce système économique et financier qui fait la pluie et le mauvais temps partout dans le monde, et jusque dans nos souliers. À côté de lui, les ouragans Mitch,
Katrina, Hayan, Harvey, Irma, José… n'étaient que des enfants de chœur.
Et, dans ce système, Trump n'est qu'un Schtroumpf.
Karma
et grâce
Le karma est une loi vieille comme le monde. Cette loi dit: tu récoltes
ce que tu sèmes. En d'autres termes, tu es destiné à subir indéfiniment les conséquences de tes actes,
bons ou mauvais.
Personne ne se défait de son
karma. Tu es enchaîné à lui.
Pour te libérer de ton mauvais karma, des religions très respectables
te proposent des trucs, dont le sacrifice de toi-même jusqu'à l'anéantissement complet de ton être.
Ça ne marche pas toujours... Mais ne désespérons pas. Après des millénaires de
tâtonnements, d'angoisses et de sentiments de culpabilité, la conscience
humaine a accouché d'une nouveauté absolue qu'elle a nommée: «Grâce».
Grâce veut dire Gratuité. Tout est Gratuité. Dieu lui-même est
pure Gratuité. Tout péché est pardonné;
toute dette est effacée, le sacrifice est aboli.
Un homme, dont le souvenir est parvenu jusqu'à nous, a vécu cette
réalité en aimant même ceux-là qui le clouaient à une croix. Plusieurs ont vu
en cet homme le visage même de Dieu. Avec lui, finies les purifications et les
réincarnations qui n'ont pas de fin, ou les chaînes interminables de culpabilité, vengeance et haine.
Avec lui, Dieu nous rejoint dans notre boue. Il nous cherche au plus
creux de ce que nous sommes. Il nous relève, nous refait à son image.
« Par pure grâce » (Éphésiens
2, 4-6). La mort elle-même est détruite. Qu'on le croie ou pas, nous sommes
entrés dans l'ère de «la Résurrection». Ça ne se voit pas encore, mais c'est en
marche! Pour le moment, c'est au niveau des racines que ça se passe.
La chapelle est inondée de ténèbres.
Lorsqu'on allume la flamme du cierge pascal et qu'on se la passe d'une bougie à
l'autre, l'obscurité se perce d'étoiles.
Lorsque la lumière de nos bougies sera assez
forte pour que nos yeux découvrent que tout humain est un semblable, enfin se
lèvera le jour qui ne finit pas.
Nous ne sommes pas à la fin, mais à peine au
commencement du monde.
Divorce
« Ce que Dieu
a uni, que l’homme ne le sépare pas », a dit Jésus. Mais qu’est-ce que
Dieu a uni en réalité?... Beaucoup de mariages, même religieux, ne sont que des
fabrications humaines, malgré les bonnes intentions. Un mariage devant Dieu est
une chose, un mariage « en » Dieu en est une autre.
La religion
Elle a servi de
ciment pour lier le clan, la tribu, la société. Elle a contribué à canaliser la
violence et la mettre au service du groupe. Mais elle s’est pervertie dès le
moment où, éveillant chez le groupe un sentiment de supériorité et
d’invulnérabilité, elle a légitimé la violence pour s’imposer aux autres et les
dominer sous le couvert de la vérité, du droit, de la justice ou même de la
paix et de la volonté de Dieu.
La religion est
bonne et vraie lorsqu'elle est humble, ouverte et transmet le souffle, la
santé, la lumière, la vie à toute la famille humaine, en commençant par celles
et ceux qui en ont le plus besoin. Sinon elle peut être extrêmement trompeuse.
La femme qui cassait les oreilles du juge mauvais (Luc 18, 1-8)
Que les grands rassemblements de la Place
Saint-Pierre à Rome soient comme la femme de l'évangile qui, à force de
harceler le juge corrompu, finit pas
obtenir qu'il lui fasse justice...
Nous, les chrétiens, nous devons prendre tous les moyens
pour réclamer à cor et à cri, de façon insistante, inlassable et retentissante une
redistribution de la richesse de la Terre entre tous les humains en commençant
par les plus pauvres, alors on n'aura plus jamais besoin de parler d'évangélisation.
Les plafonds de verre
J’en brise un et j’en trouve
un autre encore plus haut. Ainsi de suite.
Ainsi va l’évolution, ainsi
va le déploiement de ma conscience…
Ma conscience croît comme
une fleur…
Que ma langue s’attache à mon palais!
Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite
se dessèche! Que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir et
ne te place au plus haut de ma joie! (Psaume 137)
Si je ne puis entrevoir le
germe d’un monde nouveau au milieu des ruines, ou si, à travers le chiendent,
je ne discerne pas le blé chargé de vie, je préfère ne pas vivre. Si je ne vois
pas briller l’or caché sous les herbes folles du champ en friche, si, au milieu des gadgets du marché aux puces
de ce monde, mes yeux ne découvrent pas la perle de ma vie, je veux mourir!
Je veux mourir si, sous les
lambeaux d’une humanité qui ne cesse de se désagréger, je suis incapable de
reconnaître le Crucifié, et si, sous les traits de l’homme déchiré je ne vois
pas déjà le Ressuscité. Je suis le plus malheureux des humains si, au milieu de
tant de désastres, de tant de peines, de tant de souffrances et de tant de
morts je ne vois pas se dessiner le Royaume de Dieu.
Je tiens pour certain que
les ouragans les plus destructeurs sont
la preuve d’un monde en transformation dans lequel tout se défait pour se
refaire en beaucoup mieux.
Quand Jésus sort de ses gonds
Tu te fais un fouet et tu chasses les vendeurs, les commerçants, les marchands, les profiteurs, et tous ces charlatans qui détruisent le grand Temple de la Terre. Tu chasses ceux qui éventrent la Terre, la vident de ses entrailles, la saignent à blanc, empoisonnent ses eaux, son air; ceux qui la déchiquettent, la violent, la mettent en morceaux. Tous ceux-là qui profanent l'immense Temple de la Nature, la grande maison de la famille des humains, tu les chasses à coups de pied… Tu te fais un fouet et tu les chasses avec leurs bulldozers, leurs insecticides, leurs foreuses, leur cyanure, leur pétrole, leurs vieux pneus, leurs bombes et leurs dollars sales…
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Interbible |
Tu te fais un fouet et tu chasses les vendeurs, les commerçants, les marchands, les profiteurs, et tous ces charlatans qui détruisent le grand Temple de la Terre. Tu chasses ceux qui éventrent la Terre, la vident de ses entrailles, la saignent à blanc, empoisonnent ses eaux, son air; ceux qui la déchiquettent, la violent, la mettent en morceaux. Tous ceux-là qui profanent l'immense Temple de la Nature, la grande maison de la famille des humains, tu les chasses à coups de pied… Tu te fais un fouet et tu les chasses avec leurs bulldozers, leurs insecticides, leurs foreuses, leur cyanure, leur pétrole, leurs vieux pneus, leurs bombes et leurs dollars sales…
(Marc
11, 15-19)
Le plus grand dans le plus petit
On s’est efforcé, Seigneur,
d’ajuster ta Parole à nos récipients, afin de la rendre potable, raisonnable, à notre mesure … On l’a amputée de tout ce
qui dépassait, de tout ce qui en elle
nous paraissait trop merveilleux, trop beau pour être cru… Alors que c’est le
contraire que nous aurions dû faire : ouvrir nos boîtes, en faire sauter
les parois, les ouvrir assez large pour
que ta Parole s’engouffre en elles avec toute sa fougue, sa profondeur, sa
hauteur, sa longueur, sa largeur et son
immense poésie…
Est-ce
que
Dieu nous aime?
Selon les chrétiens, la réponse n'est pas
dans des livres, ni dans des mots, ni dans des lois, mais dans la personne de
Jésus de Nazareth, l'humble prophète de Galilée. Dans son histoire, dans sa
façon d'être, dans ses actions, dans ses attitudes, dans sa parole, dans ses
audaces, dans ses gestes, il est, pour nous,
les chrétiens, l’Amour de Dieu manifesté dans notre chair, aujourd'hui
comme hier et à jamais.
Il est l’Amour de Dieu sur nos routes de joie
et de douleur, l’Amour de Dieu qui habite nos soifs et nos faims, l’Amour de
Dieu qui marche avec nous, souffre avec nous, porte avec nous nos fardeaux.
Jésus est, dans notre chair, l’Amour de Dieu attentif à tous les humains, en
commençant par les petits, les éloignés, les méprisés, les opprimés, les
abandonnés, les oubliés. Jésus est, dans notre chair, l’Amour de Dieu qui écoute, qui, réveille,
embrasse, rassemble, libère, guérit,
relève et ressuscite. Jésus est, dans notre chair, l’Amour de Dieu accueilli
par les assoiffés de justice et par les cœurs vrais, mais est rejeté avec les rejetés du monde,
jusqu’aux fouets, aux crachats, aux clous, à la croix, aux ricanements et au
tombeau. Il est, dans notre chair, l'Amour de Dieu précipité dans le puits de
nos nuits les plus sombres. Jésus est, dans notre chair, l’Amour qui nous rejoint jusque dans la mort
et nous ressuscite dans le souffle, dans la puissance, dans la beauté, dans la
douceur et la lumière de son Esprit Très Saint.
Jésus est, dans ma chair, l'Amour qui me soude à la Terre et à Dieu; il
me connecte à moi-même jusque dans les moindres fibres de mon être et il me relie par la racine et par le cœur aux
humains et à tout l’univers. Il est, dans ma chair, - «jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations
et des moelles, et jusque dans les sentiments et les pensées du cœur» (Hébreux
4, 12) - mon grand moyen de
communication. Avec lui, toute frontière est dépassée, toute résistance et division
cessent d'exister, même que disparaissent les épaisses murailles de la peur, du péché et de la mort elle-même. Il
est celui qui, de jour en jour, articule
et fait croître en moi «l'Homme parfait» (Éphésiens
4, 13).
Il est, en nous et parmi nous, l'image
vivante, c'est-à-dire le visage humain que l'Amour de Dieu s'est donné pour
demeurer avec nous «tous les jours jusqu'à la fin du monde» (Matthieu 28, 20).
«Oui,
j'en ai la certitude, ni la mort, ni la vie... ni puissances, ni rien ne pourra
nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur» ( Romains 8, 38-39).
Est-ce que Dieu nous aime?... Jésus est la
réponse. En existe-t-il une autre meilleure?...
(Jean
1, 14.18; 15, 9; 1 Jean 4, 7-10; 1, 1-4; 1 Timothée 3, 16)
Parce qu'elle adore les
enfants, Rose-Anna, tante de Georges
Madore, transforme sa maison en foyer d’accueil pour les petits. Parmi les
premiers qu’on lui confie, il y en a un qui ne peut pas marcher. Elle le prend
en charge. Elle se penche vers lui en lui montrant un biscuit, patiemment, à
tout moment, pendant des semaines. L'enfant
fait des efforts désespérés pour attraper le biscuit… Jusqu’au jour où il
risque un premier pas, puis un deuxième, puis un troisième… Un bon matin, enfin,
le gamin se met à marcher comme les autres. L'exploit est applaudi très fort et
Rose-Anna se voit confier beaucoup d'autres
enfants comme ce petit. Toute sa vie, la bonne Rose-Anna s'est tellement
penchée sur eux, qu'elle a fini ses jours
courbée en deux, sans jamais pouvoir se redresser.
À force de se pencher sur
notre humanité qui rarement sait marcher, je ne serais pas surpris que Dieu
soit devenu tout courbé, comme la bonne vieille Rose-Anna.
(Voir: Osée 11, 4)
La cathédrale est en construction. Trois tailleurs de pierre sont à l’œuvre. Un pèlerin
s’approche et engage la conversation avec eux.
Le premier se
plaint : « Quel travail d’esclave! Je ne vois pas l’heure d’en
finir! »
Le deuxième est plutôt
satisfait: « Au moins, ce travail me permet de nourrir ma femme et mes
enfants. »
Le troisième :
« Quelle joie! Je construis une cathédrale! »
La mission pour moi aujourd'hui, c'est sauter sur un train déjà en
marche. Embrasser la grande inconnue de l'avenir à la manière des jeunes qui, à
un moment donné, un peu partout sur la planète, quittent tout pour aller plus
loin et plus haut. La mission, c'est me dépasser comme eux, et chercher à
repousser toujours plus loin mes limites.
Par la mission, je ne renonce pas à mes racines; je ne fais que sortir de
l'enclos dans lequel la famille et la société tendent à m'enfermer. Dans cet
enclos, l'étranger, l'autre, est souvent perçu comme suspect, une menace ou
parfois un "ennemi" pour le seul tort de ne pas être "comme tout
le monde".
Je vais justement à la rencontre de ces autres d'ailleurs qui refusent eux
aussi l'enfermement dans une société étranglée par la guerre, la sécheresse,
les luttes tribales, les luttes de clans, de classes, de partis... et aspirent à un changement d'air et à un
commencement nouveau...
Je relève le défi d'embrasser l'autre sans condition, comme un frère, une
sœur de sang et de cœur. J'accueille de lui ou d'elle tout ce qui me manque et
je lui apporte tout ce qui peut lui servir.
Que puis-je lui apporter? Un esprit, une mentalité, une façon de voir et
d'agir qui me viennent, non de ma culture à moi, mais du Jésus de l'Évangile
qui fait grandir en humanité.
Je partage avec eux le témoignage de Jésus, c'est-à-dire: la fin des tabous, la fin des tyrannies,
celles du petit moi, de la famille, du clan, de la tribu, de la race, de la
nation, de la religion; la fin de "l'ennemi", c'est-à-dire la fin de
l'oppression des faux dieux du pouvoir, de la domination, de l'argent; la fin
de la loi qui écrase les personnes, la fin des culpabilités morbides, des
hontes, des lâchetés, des complexes, des vieilles rancœurs, la fin des
injustices, la fin de la peur et la fin de la mort!
Ce partage de cette foi, de cette espérance, je le fais avec l'autre
comme dans un repas de fête entre amis.
Eloy Roy
Merci Père Eloy Roy pour votre vision et votre lecture de l'Histoire et de l'actualité politique, religieuse et sociale. Il me semble parfois que notre Créateur pourrait à l'occasion "retrouver son souffle" s'il y avait moins de frontières (murs) qui divisent plus souvent qu'elles ne protègent tous ces peuples nés d'une même Source, cette Humanité si belle et riche par la diversité des races, langues, croyances et coutumes.
RépondreEffacermurielle v.