31 juillet 2018

DIEU, OURAGANS ET SOURIS...


                                                                                                                                                                                                  


                                                       par: Eloy Roy


Liberté 

Mis en cage le Quetzal meurt (photo Namer)


On a longtemps pensé que le meilleur moyen de protéger la liberté était de la garder en cage…


Le miracle

Malgré les efforts que nous faisons pour nous autodétruire, l'humanité est toujours en expansion; nous grandissons en nombre, mais aussi en connaissance et même en conscience. N'est-ce pas un très grand miracle?...

La croix

La croix qui libère ne consiste pas à choisir le Ciel en se détournant de la Terre, ni à choisir Dieu en renonçant à l’Humain, mais à faire corps avec les deux comme la barque et la voile.


Eppur si muove!

Pngtree


On ne «sent» pas que la Terre tourne, et pourtant, après des millénaires d'observation, il a bien fallu reconnaître qu'elle tourne bel et bien. De  même, ne pas «sentir» de façon immédiate l'existence de Dieu, ne pas pouvoir le voir, le toucher, l'analyser comme on observe, palpe et décortique n'importe quel objet, est loin d'être une preuve qu'il n'existe pas. C'est seulement la preuve que Dieu n'est pas un objet.

C'est aussi la preuve que les outils faits pour fouiller la matière et la comprendre, ne sont pas très utiles pour explorer les champs qui dépassent la matière.

Mais ici se pose la grande question:  existe-t-il vraiment quelque chose en dehors de la Matière? Est-ce que Dieu ne serait pas simplement la Matière elle-même faite de vie, d'intelligence et d'un amour qui dépassent tout: un Dieu à la fois infiniment immanent et infiniment transcendant ?...    

Honte 


La foi au Dieu de la vie ne se greffe pas sur l'arbre pourri de croyances primitives basées sur des légendes et sur la peur.

J'aurai honte de dire que je crois en Dieu tant que le vieux dieu de la terreur me barrera le chemin.

Ce vieux dieu, dont la Bible déborde: le Super Mâle, l'Œil qui voit tout, le Big Brother, le grand Psychopathe dans les cieux, on a beau l'avoir déclaré mort, il est toujours là quelque part au fond de notre inconscient.

Maintes fois on a tenté de le recycler en lui prêtant des gentillesses, des miséricordes, des tendresses, des pardons, mais rien n'y fait.

Tout Autre est le Dieu qui s'est manifesté en Jésus. Mais sur l'arbre a moitié calciné par les foudres du dieu de la Loi, ce Dieu toujours neuf a toutes les peines du monde à se greffer.


Il faut d'abord se désintoxiquer, se décontaminer en profondeur des vestiges du dieu des enfers pour faire  place au Dieu de Jésus.

Le  Dieu qui se révèle en Jésus n'est pas séparé de l'humain. Il ne le domine pas. Il ne le fait pas marcher à coups de bâton. Ce Dieu ne fait qu'un avec l'humain. Il marche avec lui. Il partage ses douleurs, ses chutes, ses revers. Il partage aussi en plénitude ses rêves les plus fous, jusqu'à défier la mort et en venir à bout. 


Nos ancêtres moins gâtés

Canoe


Il n’y a pas si longtemps, notre peuple du Québec et du Canada français connaissait une grande insécurité. Loin des centres de décision, il n’avait prise sur rien.  Sauf quelques  bourgeois qui réussissaient à se débrouiller, la plupart de nos gens vivaient isolés dans des coins perdus de la campagne. Ils avaient froid, ils avaient faim, ils avaient peur du feu, des incendies, des tempêtes… des maladies, des bêtes, des « ennemis »... Les hivers étaient durs. Pas de livres, pas de radio, pas de chemins, pas de journaux, pas de nouvelles. Ils étaient  à la merci de l’inconnu; la mort les talonnait tout le temps. Ils n’avaient que Dieu. Il était leur seul refuge, leur seule consolation, leur seul espoir. Ils avaient peur de lui aussi, mais surtout peur de le perdre, peur d’être abandonnés de lui… S'ils n'avaient pas été analphabètes, ils auraient pu écrire de leur propre plume, au moins 95% des psaumes de la bible.


                           Petit Big Bang silencieux



En ce matin de printemps,
deux petites feuilles vert tendre 
respirent au bout de la branche.
Hier soir,
elles n’étaient pas là;
elles sont nées de la nuit,
sans faire de bruit.

Les grains de moutarde

Dans l’Église catholique, tout n'est pas pourri, ou mort. Les solidaires, les bénévoles, les femmes et les hommes de bonne volonté et de courage abondent. Toutefois, dans le grand tableau d’ensemble, ils ne font pas plus gros qu'une poignée de grains de moutarde.

Parmi ces grains de moutarde, il y a le pape François et ses inconditionnels. Cependant, une bande de coquins, dont un certain nombre de « pourprés », détestent François. En sus, il y a les endormis, les cyniques et les déçus: leur masse est en perpétuelle croissance.

Les souris 

Université Orléans

Aujourd'hui je pense aux souris qui, tous les jours, sont sacrifiées dans nos laboratoires. Je pense aussi à tous les autres animaux qui nous donnent la vie: les bœufs de nos arrière-grands-parents, les gros chevaux de nos labours, les porcs de nos rôtis, les moutons de nos mitaines, les poules de nos œufs au miroir, les chiens, les chats, tout le gibier ailé et poilu de nos chasses, et les poissons de nos pêcheries. Et les insectes qui nous protègent d’une foule de parasites. Ajoutons à cela les herbes de toutes sortes qui alimentent toute cette faune, et les fruits, les légumes qui sont notre nourriture. Nous sommes faits d’eux. Nous sommes faits de leur chair et de leur sang. Je les aime et les remercie.


Le Vent et le Feu 

Esiee

Malgré ses nombreux péchés, son âge avancé, et la fatigue accumulée, l'Église croit encore qu'elle porte dans son ventre un monde nouveau. Pour se redonner du souffle, chaque année, à chaque Pentecôte, elle se rappelle que c'est dans un Vent d’ouragan et sous une pluie de Feu qu'elle est née ( Actes 2, 1-4).

Curieuse coïncidence... Notre monde est justement en train de découvrir que le Vent des éoliennes et le Feu du soleil vont nous libérer du  pétrole et sauveront la planète.

Vent et Feu de Pentecôte, Éolien et Solaire: des frères jumeaux, toujours neufs, propres et renouvelables! Pour l'Église: nouvelle jeunesse! Avenir sûr pour le  monde nouveau qui germe entre ses flancs.

La vie est toujours neuve 



La vie, tant qu'elle dure, est neuve en chacun de ses moments. Elle n'est jamais la somme de tous les vécus qui se seraient empilés depuis le commencement. Comme l'eau de source qui est toujours neuve, ainsi est la vie en moi. Elle coule tout le temps. En abondance. À gros bouillons.

L'amour est toujours neuf aussi; un amour vieux n'est plus de l'amour. S'il vieillit, il stagne, s'éteint, se perd.

Il n'y a pas de vieux Dieu non plus. Dieu est toujours infiniment neuf. Il vieillit et meurt dès qu'on l'emprisonne. Il est comme ces oiseaux - comme le quetzal des Mayas - qui refusent de manger et se laissent mourir si on les met en cage; leur vie c'est la liberté.

L'Évangile de Jésus n'est jamais une vieille Bonne Nouvelle. Si, un seul instant, l'Évangile cesse d'être neuf, il n'est plus Bonne Nouvelle. Chaque page de ce que l'on raconte de Jésus est une surprise. Chaque pas à sa suite est un pas de liberté et de créativité, et souvent un impossible qui devient possible. Ainsi en était-il hier, ainsi en est-il aujourd'hui, ainsi en sera-t-il demain et toujours.

Rien de plus semblable à la mort que ce qui ne bouge ni ne change; rien de plus mort que ce qui est toujours pareil.

Arbre et branche

L'arbre  et la branche ne font qu'un: l'arbre vit dans la branche et la branche dans l'arbre. La même sève coule dans les deux.  Ils sont inséparables. Tout ce que la branche produit vient de l'arbre. L'un, cependant, n'est pas l'autre, car l'arbre peut vivre sans la branche alors que la branche ne peut pas vivre sans l'arbre. Jésus et moi nous sommes un: lui en moi, moi en lui. (Jean 15, 5).

Les derniers



Les gagnants, nous les couronnons parfois comme des dieux. C’est juste. Mais les autres, ceux qui sont toujours à la queue?... Les éternels derniers, les perdants en beauté, en amour, en amitié, en tendresse; les perdants au travail, dans les compétitions sportives et dans les concours de canonisation, ils sont toujours là à faire la queue attendant une chance qui ne vient jamais. Ils se morfondent et souffrent. Chez Dieu, ça se passe autrement. Il aime couronner tout le monde, autant les perdants que les gagnants. À tous et à toutes il verse le même salaire juste et raisonnable, en commençant par qui? Par les perdants.  Dieu n’est pas seulement juste, il est juste et bon.

Les ouvriers de la vigne, Matthieu 20, 1-16


À Sarepta

Il ne se fait plus de miracles parmi nous parce que nos académies et nos chaires de vérité croient déjà tout savoir et tout comprendre.  Mais à Sarepta, où on ne prétend rien, c'est différent.


Plus de mystère 



Nous avons tout fait pour rendre notre foi raisonnable. Tout fait pour que le mystère ne soit plus mystère. Nous avons fait disparaître le miracle. Nous avons décrété que Dieu n’est jamais intervenu dans la vie des hommes et que jamais il ne le fera, car nous possédons en nous tout ce qu’il faut pour réussir notre vie sur terre, et assurer, après la mort, notre passage dans un éventuel au-delà, si jamais il y en a un. Parce qu'on a cru ne plus avoir besoin de Dieu, Dieu est devenu inutile. Il est donc logique que l’on songe à s'en débarrasser.

Notre  intention n’était pas mauvaise. Nous nous donnions la chance de prendre conscience de notre valeur et de grandir par nos propres forces.  Il fallait, en effet, cesser de dépendre de notre Parent et devenir enfin adultes et autonomes.

C’est ainsi que, peut-être sans le vouloir, nous avons évacué Dieu. Il est redevenu l’Autre, l’Incommunicable. Peu à peu il s’est éteint et  est sorti de nos vies. La bible, l’évangile, la Révélation ont été réduits au silence et rangés désormais parmi les  curiosités folkloriques. Dieu, s’il existe encore, est à la retraite. Même si chaque jour nous sommes témoins de nos limites et de notre cruelle impuissance, il ne nous vient même pas à l’esprit qu’il puisse venir à notre secours. Et bien qu’on continue parfois de le supplier d’intervenir, il ne se passe rien parce que, au fond de nous-mêmes, nous ne croyons pas que cela soit possible. 

Pourtant tout a commencé avec un homme qui  justement rêvait l'impossible. Abraham était cet homme. Il  avait toujours souhaité devenir père d’un grand peuple, mais il était maintenant très vieux et n'avait même pas réussi à avoir un seul enfant de son épouse bien-aimée qui était stérile et presque aussi âgée que lui. Dieu lui promit pourtant qu'il aurait un fils.  Abraham y mit du temps, mais finit par y croire. Alors, le miracle s'accomplit. C'est dans cette foi au Dieu de l'impossible qu'a commencé la grande aventure d'Abraham et de son peuple.

Une situation semblable s'est répétée des siècles plus tard quand, du milieu du peuple d'Abraham, une jeune fille appelée Marie devait être tuée à coups de pierres selon une vieille loi religieuse du pays, car elle était tombée enceinte sans être mariée. À son tour, elle crut au Dieu de  l'impossible, et elle eut la vie sauve. Jésus naquit de cette foi.  Ainsi commença l'extraordinaire aventure de l'Évangile.

Lorsque ce même Jésus sera mis à mort, les plus beaux rêves de ses partisans tomberont en poussière. On roulera une énorme pierre à l'entrée de son tombeau en se disant: «Affaire close, passons à autre chose!».

Sauf qu'il s'est passé autre chose... après deux mille ans, Jésus est toujours debout.

Dieu n'est ni en haut, ni en bas... Il est là où commence l'impossible, là où nos plus belles logiques se cassent les dents.

Non né

Je suis non né, ou tout au plus à peine né. Je suis à des milliards d'années-lumière de ce que je serai le jour où se déploiera en moi le fruit de tout ce qui y a été semé. J'affirme la même chose de chaque humain, ainsi que de l’univers et de toi qui me lis. Malgré les multiples apparences contraires, je dis que, pour toi comme pour moi, le plus beau est à-venir. Et qu'il viendra.


Lavement des pieds 



En se penchant sur nous, Jésus nous arrose les pieds comme si nous étions des plantes… pour que nous croissions en humanité.

On dirait aussi qu'il cire nos chaussures, comme les petits lustrabotas des pays du Sud, alors que lui-même va nu-pieds comme eux…


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En se penchant sur nous pour nous laver les pieds ou lustrer nos bottines, il nous dit: «Que les dirigeants parmi vous fassent de même ». Par ces mots il vise les chefs d'État, mais d'abord ceux qui sont à la tête de l'Église.

Grand Recycleur


Jésus a pris sur lui nos déchets, nos ordures, nos cancers, nos pourritures, notre mort et tout, et Dieu, par son Souffle d'amour créateur, a tout transformé en lumière… « Grand Recycleur » est un autre nom que je devrais donner au Ressuscité.

Technologie et nature 

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Devant les avancées fulgurantes de la technologie moderne, j'ai raison de m'extasier, mais l’eau, la pluie, le soleil, l’air que je respire, cela ne m'émeut guère. Est-ce que  par hasard les merveilles technologiques seraient plus éblouissantes qu'un grain de sable, une goutte de pluie, une feuille, un oiseau, une plume,  ou plus géniales que l'enjouement d'un ourson et le sourire d’un nourrisson? Qu'en serait-il de nos belles inventions sans nos puits, sans nos vaches, sans les insectes pollinisateurs?...

Le Saint Nom

À la suite des litanies du Saint Nom de Jésus j'ajoute ceci: Tu es «le Grand-Trait-d'Union-de-l'Univers».


Signes des temps

Seigneurs en herbe


Je dis que Dieu n’est pas méchant. Quand s'approche un malheur, il nous prévient.  Avant le Déluge il a dit à Noé: «Bâtis une arche»…

Aujourd'hui notre planète agonise et Dieu nous dit de mille manières et tous les jours: «Réveillez-vous! Vous courez au suicide!»

Le malheur, c'est que les Noé ne pleuvent pas. La pauvreté, la faim, la misère, les sécheresses, le sous-développement sont pour une large part la cause des grands bouleversements climatiques et sociaux de notre planète. Avec quelques milliards de dollars nous pourrions régler ce grave problème. Mais nous préférons continuer d'investir dans le pétrole et dans les armes. En réalité, on ne veut pas vraiment la croissance des petits : ils nous font peur, comme autrefois les Hébreux en Égypte...

Entre-temps, les catastrophes se multiplient. Et nous n'avons pas d'arche pour les affronter;  il ne nous reste que des sacs de sable...


Méga ouragan



Il est de catégorie 110. Son œil géant scrute la planète dans ses moindres recoins.  Tel un drone colossal, il tournoie au-dessus de nos têtes. Par ses multiples tentacules il triture tout sur son passage en laissant des milliards d’êtres humains sombrer dans une sous-humanité absolue. Je veux parler du féroce système économique et financier qui fait la pluie et le mauvais temps partout dans le monde, et jusque dans nos souliers. À côté de lui, les ouragans Mitch, Katrina, Hayan, Harvey, Irma, José… n'étaient que des enfants de chœur. 
Et, dans ce système, Trump n'est qu'un Schtroumpf. 

Karma et grâce

Le karma est une loi vieille comme le monde. Cette loi dit: tu récoltes ce que tu sèmes. En d'autres termes, tu es destiné à subir  indéfiniment les conséquences de tes actes, bons ou mauvais.

Personne ne se défait de son karma. Tu es enchaîné à lui. 

Pour te libérer de ton mauvais karma, des religions très respectables te proposent des trucs, dont le sacrifice de toi-même  jusqu'à l'anéantissement complet de ton être. Ça ne marche pas toujours... Mais ne désespérons pas. Après des millénaires de tâtonnements, d'angoisses et de sentiments de culpabilité, la conscience humaine a accouché d'une nouveauté absolue qu'elle a nommée:  «Grâce».  

Grâce veut dire Gratuité. Tout est Gratuité. Dieu lui-même est pure  Gratuité. Tout péché est pardonné; toute dette est effacée, le sacrifice est aboli.

Un homme, dont le souvenir est parvenu jusqu'à nous, a vécu cette réalité en aimant même ceux-là qui le clouaient à une croix. Plusieurs ont vu en cet homme le visage même de Dieu. Avec lui, finies les purifications et les réincarnations qui n'ont pas de fin, ou les chaînes interminables de  culpabilité, vengeance et haine.

Avec lui, Dieu nous rejoint dans notre boue. Il nous cherche au plus creux de ce que nous sommes. Il nous relève, nous refait à son image. « Par pure grâce » (Éphésiens 2, 4-6). La mort elle-même est détruite. Qu'on le croie ou pas, nous sommes entrés dans l'ère de «la Résurrection». Ça ne se voit pas encore, mais c'est en marche! Pour le moment, c'est au niveau des racines que ça se passe.


Veillée pascale




La chapelle est inondée de ténèbres. Lorsqu'on allume la flamme du cierge pascal et qu'on se la passe d'une bougie à l'autre, l'obscurité se perce d'étoiles.

Lorsque la lumière de nos bougies sera assez forte pour que nos yeux découvrent que tout humain est un semblable, enfin se lèvera le jour qui ne finit pas.

Nous ne sommes pas à la fin, mais à peine au commencement du monde.

Divorce

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », a dit Jésus. Mais qu’est-ce que Dieu a uni en réalité?... Beaucoup de mariages, même religieux, ne sont que des fabrications humaines, malgré les bonnes intentions. Un mariage devant Dieu est une chose, un mariage « en » Dieu en est une autre.


La religion

Elle a servi de ciment pour lier le clan, la tribu, la société. Elle a contribué à canaliser la violence et la mettre au service du groupe. Mais elle s’est pervertie dès le moment où, éveillant chez le groupe un sentiment de supériorité et d’invulnérabilité, elle a légitimé la violence pour s’imposer aux autres et les dominer sous le couvert de la vérité, du droit, de la justice ou même de la paix et de la volonté de Dieu.

La religion est bonne et vraie lorsqu'elle est humble, ouverte et transmet le souffle, la santé, la lumière, la vie à toute la famille humaine, en commençant par celles et ceux qui en ont le plus besoin. Sinon elle peut être extrêmement trompeuse.


Fin de l'évangélisation



La femme qui cassait les oreilles du juge mauvais (Luc 18, 1-8)

Que les grands rassemblements de la Place Saint-Pierre à Rome soient comme la femme de l'évangile qui, à force de harceler le juge corrompu,  finit pas obtenir qu'il lui fasse justice...
Nous, les chrétiens, nous devons prendre tous les moyens pour réclamer à cor et à cri, de façon insistante, inlassable et retentissante une redistribution de la richesse de la Terre entre tous les humains en commençant par les plus pauvres, alors on n'aura plus jamais besoin de parler d'évangélisation.


Les plafonds de verre

J’en brise un et j’en trouve un autre encore plus haut. Ainsi de suite.
Ainsi va l’évolution, ainsi va le déploiement de ma conscience…
Ma conscience croît comme une fleur…

Que ma langue s’attache à mon palais!

Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se dessèche! Que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir et ne te place au plus haut de ma joie! (Psaume 137)

Si je ne puis entrevoir le germe d’un monde nouveau au milieu des ruines, ou si, à travers le chiendent, je ne discerne pas le blé chargé de vie, je préfère ne pas vivre. Si je ne vois pas briller l’or caché sous les herbes folles du champ en friche,  si, au milieu des gadgets du marché aux puces de ce monde, mes yeux ne découvrent pas la perle de ma vie, je veux mourir!

Je veux mourir si, sous les lambeaux d’une humanité qui ne cesse de se désagréger, je suis incapable de reconnaître le Crucifié, et si, sous les traits de l’homme déchiré je ne vois pas déjà le Ressuscité. Je suis le plus malheureux des humains si, au milieu de tant de désastres, de tant de peines, de tant de souffrances et de tant de morts je ne vois pas se dessiner le Royaume de Dieu.

Je tiens pour certain que les ouragans les plus destructeurs  sont la preuve d’un monde en transformation dans lequel tout se défait pour se refaire en beaucoup mieux. 


Quand Jésus sort de ses gonds 


Interbible


Tu te fais un fouet et tu chasses les vendeurs, les commerçants, les marchands, les profiteurs, et tous ces charlatans qui détruisent le grand Temple de la Terre. Tu chasses ceux qui éventrent la Terre, la vident de ses entrailles, la saignent à blanc, empoisonnent ses eaux, son air; ceux qui la déchiquettent, la violent, la mettent en morceaux. Tous ceux-là qui profanent  l'immense Temple de la Nature, la grande maison de la famille des humains, tu les chasses à coups de pied… Tu te fais un fouet et tu les chasses avec leurs bulldozers, leurs insecticides, leurs foreuses, leur cyanure, leur pétrole, leurs vieux pneus, leurs bombes et leurs dollars sales…

                                                        (Marc 11, 15-19)


Le plus grand dans le plus petit

On s’est efforcé, Seigneur, d’ajuster ta Parole à nos récipients, afin de la rendre potable, raisonnable,  à notre mesure … On l’a amputée de tout ce qui dépassait,  de tout ce qui en elle nous paraissait trop merveilleux, trop beau pour être cru… Alors que c’est le contraire que nous aurions dû faire : ouvrir nos boîtes, en faire sauter les  parois, les ouvrir assez large pour que ta Parole s’engouffre en elles avec toute sa fougue, sa profondeur, sa hauteur, sa  longueur, sa largeur et son immense poésie…

Est-ce que Dieu nous aime?

Selon les chrétiens, la réponse n'est pas dans des livres, ni dans des mots, ni dans des lois, mais dans la personne de Jésus de Nazareth, l'humble prophète de Galilée. Dans son histoire, dans sa façon d'être, dans ses actions, dans ses attitudes, dans sa parole, dans ses audaces, dans ses gestes, il est, pour nous,  les chrétiens, l’Amour de Dieu manifesté dans notre chair, aujourd'hui comme hier et à jamais.

Il est l’Amour de Dieu sur nos routes de joie et de douleur, l’Amour de Dieu qui habite nos soifs et nos faims, l’Amour de Dieu qui marche avec nous, souffre avec nous, porte avec nous nos fardeaux. Jésus est, dans notre chair, l’Amour de Dieu attentif à tous les humains, en commençant par les petits, les éloignés, les méprisés, les opprimés, les abandonnés, les oubliés. Jésus est, dans notre chair,  l’Amour de Dieu qui écoute, qui, réveille, embrasse, rassemble, libère,  guérit, relève et ressuscite. Jésus est, dans notre chair, l’Amour de Dieu accueilli par les assoiffés de justice et par les cœurs vrais, mais  est rejeté avec les rejetés du monde, jusqu’aux fouets, aux crachats, aux clous, à la croix, aux ricanements et au tombeau. Il est, dans notre chair, l'Amour de Dieu précipité dans le puits de nos nuits les plus sombres. Jésus est, dans notre chair,  l’Amour qui nous rejoint jusque dans la mort et nous ressuscite dans le souffle, dans la puissance, dans la beauté, dans la douceur et la lumière de son Esprit Très Saint.

Jésus est, dans ma chair,  l'Amour qui me soude à la Terre et à Dieu; il me connecte à moi-même jusque dans les moindres fibres de mon être et il me relie par la racine et par le cœur aux humains et à tout l’univers. Il est, dans ma chair, - «jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des moelles, et jusque dans les sentiments et les pensées du cœur» (Hébreux 4, 12) -  mon grand moyen de communication. Avec lui, toute frontière est dépassée, toute résistance et division cessent d'exister, même que disparaissent les épaisses murailles de la  peur, du péché et de la mort elle-même. Il est celui qui, de jour en jour,  articule et fait croître en moi «l'Homme parfait» (Éphésiens 4, 13). 

Il est, en nous et parmi nous, l'image vivante, c'est-à-dire le visage humain que l'Amour de Dieu s'est donné pour demeurer avec nous «tous les jours jusqu'à la fin du monde» (Matthieu 28, 20).

«Oui, j'en ai la certitude, ni la mort, ni la vie... ni puissances, ni rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur» ( Romains 8, 38-39).

Est-ce que Dieu nous aime?... Jésus est la réponse. En existe-t-il une autre meilleure?...

(Jean 1, 14.18; 15, 9; 1 Jean 4, 7-10; 1, 1-4; 1 Timothée 3, 16)


Retraite avec Georges Madore 



Parce qu'elle adore les enfants, Rose-Anna, tante de Georges Madore, transforme sa maison en foyer d’accueil pour les petits. Parmi les premiers qu’on lui confie, il y en a un qui ne peut pas marcher. Elle le prend en charge. Elle se penche vers lui en lui montrant un biscuit, patiemment, à tout moment,  pendant des semaines. L'enfant fait des efforts désespérés pour attraper le biscuit… Jusqu’au jour où il risque un premier pas, puis un deuxième, puis un troisième… Un bon matin, enfin, le gamin se met à marcher comme les autres. L'exploit est applaudi très fort et  Rose-Anna se voit confier beaucoup d'autres enfants comme ce petit. Toute sa vie, la bonne Rose-Anna s'est tellement penchée  sur eux, qu'elle a fini ses jours courbée en deux, sans  jamais  pouvoir se redresser.

À force de se pencher sur notre humanité qui rarement sait marcher, je ne serais pas surpris que Dieu soit devenu tout courbé, comme la bonne vieille Rose-Anna.
                                                                    (Voir: Osée 11, 4)


« Je me suis épuisé en vain »…




La cathédrale est en construction. Trois tailleurs de pierre sont à l’œuvre. Un pèlerin s’approche et engage la conversation avec eux.

Le premier se plaint : « Quel travail d’esclave! Je ne vois pas l’heure d’en finir! »

Le deuxième est plutôt satisfait: « Au moins, ce travail me permet de nourrir ma femme et mes enfants. »

Le troisième : « Quelle joie! Je construis une cathédrale! »

Mission? 




La mission pour moi aujourd'hui, c'est sauter sur un train déjà en marche. Embrasser la grande inconnue de l'avenir à la manière des jeunes qui, à un moment donné, un peu partout sur la planète, quittent tout pour aller plus loin et plus haut. La mission, c'est me dépasser comme eux, et chercher à repousser toujours plus loin mes limites.

Par la mission, je ne renonce pas à mes racines; je ne fais que sortir de l'enclos dans lequel la famille et la société tendent à m'enfermer. Dans cet enclos, l'étranger, l'autre, est souvent perçu comme suspect, une menace ou parfois un "ennemi" pour le seul tort de ne pas être "comme tout le monde".

Je vais justement à la rencontre de ces autres d'ailleurs qui refusent eux aussi l'enfermement dans une société étranglée par la guerre, la sécheresse, les luttes tribales, les luttes de clans, de classes, de partis...  et aspirent à un changement d'air et à un commencement nouveau...

Je relève le défi d'embrasser l'autre sans condition, comme un frère, une sœur de sang et de cœur. J'accueille de lui ou d'elle tout ce qui me manque et je lui apporte tout ce qui peut lui servir.

Que puis-je lui apporter? Un esprit, une mentalité, une façon de voir et d'agir qui me viennent, non de ma culture à moi, mais du Jésus de l'Évangile qui fait grandir en humanité. 

Je partage avec eux le témoignage de Jésus, c'est-à-dire:  la fin des tabous, la fin des tyrannies, celles du petit moi, de la famille, du clan, de la tribu, de la race, de la nation, de la religion; la fin de "l'ennemi", c'est-à-dire la fin de l'oppression des faux dieux du pouvoir, de la domination, de l'argent; la fin de la loi qui écrase les personnes, la fin des culpabilités morbides, des hontes, des lâchetés, des complexes, des vieilles rancœurs, la fin des injustices, la fin de la peur et la fin de la mort!

Ce partage de cette foi, de cette espérance, je le fais avec l'autre comme dans un repas de fête entre amis.


                                                                                        Eloy Roy

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