23 décembre 2019

NOËL 2019 EN 3 TEMPS


1 - Sur le seuil de l'Étable



Bonjour, Dieu. Entre donc! Mais non, tu ne déranges pas du tout,  tu es si petit. Ce n'est pas très beau ici dedans, mais c'est tout ce que l'on a. Moi je t’attendais sur les nuées du ciel et voilà que tu apparais dans une étable. Je te voyais brillant comme le soleil et tu viens en petit enfant  de réfugiés.  Ça m'étonne, mais bon. Tu sais, je pensais te faire plaisir en t’imaginant très grand et très au-dessus de nous, mais je vois que ça ne marche pas comme ça avec toi: on dirait que la  grandeur pour toi, c'est d'occuper très peu de place et de te faire encore plus petit que nous. Vraiment, on ne s'attendait pas à cela... C'est peut-être pour cette raison qu'on ne fait plus grand cas de toi... Tu es tellement petit!

Peut-être veux-tu nous dire qu'un grand, ce n'est pas quelqu'un qui a cessé d'être petit, mais c'est un petit qui a grandi. Et qu'il n'y a pas de vie pleine, pas  d'avenir,  donc pas de  «salut» sans le «petit» en nous et sans les «petits» autour de nous.

Le «petit», c'est ce qu'il y a de plus secret en chacun.e,  et les «petits», ce sont les enfants, bien entendu. Ce sont aussi les personnes, les familles, les quartiers, les peuples  entiers  que notre vieille «façon d'être» a maintenus depuis des siècles en état d'infériorité et de misère en leur refusant une possibilité sérieuse de grandir...

Depuis ta petitesse, Dieu, tu veux nous dire des choses formidables. Viens, entre donc, tu es ici chez toi....

2 - Dans l’étable

Je ne me demande pas si oui ou non Jésus était Dieu. Je me dis seulement que si Dieu parle à travers  les oiseaux, le vent, la lumière et tous les événements de la vie, il a sûrement parlé à travers Jésus de Nazareth. En  tout cas, c’est ce que ses premiers disciples ont cru. Et, à mon tour, c'est ce que je crois aussi. 

Quand l’évangéliste Luc nous raconte l'histoire de Jésus qui vient au monde  dans une étable, ce  n’est pas un historien, un journaliste ou un scientifique qui s'exprime, mais un croyant, c'est-à-dire quelqu'un qui est capable d'entrevoir la Réalité qui se profile derrière les signes qu'il a devant les yeux.

À travers son récit touchant, Luc veut nous dire sûrement que le fameux «Dieu tout-puissant» n'est pas épeurant comme on l'a déjà cru. Il vient à nous comme sur la pointe des pieds en se faisant aussi petit et fragile que nous. Luc veut que le monde entier sache que, même si notre demeure n'est qu'une étable,  Dieu veut bien emménager chez nous. Pourquoi? Parce qu'il croit en nous et nous aime beaucoup.

Il sait qu’un bon jour nous allons comprendre que notre avenir d’humains n’est plus dans les lois, ni dans les temples, ni dans le pétrole, ou les minières, ou les drones, ou la croissance à tout prix, ni dans la bourse ou dans nos armées, ou dans des buildings cent fois plus hauts que les pyramides, ou dans le fameux LHC, ou dans toujours plus de science, de police, de prisons ou de bombes... mais tout simplement dans une « façon d’être » totalement différente de celle qui a été la nôtre jusqu'ici…

Certes, nous avons accompli des choses grandioses avec notre «façon d’être » actuelle, n’empêche que  d’un paradis nous avons fait  une étable; notre Terre est devenue une immense poubelle et la moitié du monde a été transformée en cimetière.

Je me demande pourquoi nous en sommes arrivés là. Serait-ce parce que nous serions à moitié anges et à moitié démons? Je ne crois pas. Je pense plutôt que nous sommes des humains normaux, sauf que nous ne sommes peut-être pas encore complètement nés à notre humanité… 

Cette façon que nous avons de voir et de penser, cette façon de vivre, cette « façon d’être » qui nous a amenés à la situation actuelle, craque de toutes parts. Tout nous dit qu'il faut muter.  Que nous sommes mûrs pour un immense bond en avant capable de nous faire « naître » pour de bon à tout ce que nous sommes  vraiment au plus profond de notre être.

Au début des deux derniers millénaires, Jésus a lui-même effectué un bond vertigineux à partir d’une étable et  d’une croix. En traversant nos morts, il nous a secoués pour éveiller les puissances de vie qui dorment en nous.   Il nous a ouvert le chemin. Il nous a montré un autre horizon. Il nous a fait entrevoir  une autre « façon d’être » où, dans  notre réalité de chair, nous pourrions vivre une humanité plus vraie, plus large, plus profonde, plus libre, et où nous dépasserions tout ce qui, par manque de conscience,  nous referme, nous sépare et nous divise. Avec lui notre conscience a commencé à s'ouvrir dans la direction de notre véritable stature. Il nous a mis en appétit, il nous reste maintenant à faire le bond.

Pour ce bond, Dieu lui-même, par pure grâce, vient nous chercher dans nos « étables ». Que nous soyons croyants ou non, les grands traits qui font que Jésus se soit identifié à nous jusque dans notre mort sont déjà ensemencés dans notre être et se préparent à éclore. Une nouvelle « façon d’être » va fleurir sur la surface de la Terre. Nous serons plus véritablement humains.
               


 3 -Étoile des Mages versus «Trous noirs»

                                           Trou noir avalant une étoile
                                 Il y aurait 100 millions de trous noirs dans l'univers


À l'approche de Jérusalem, capitale du grand roi Hérode, l'Étoile des Mages s'éclipsa comme si elle avait frappé un «trou noir». Le trou noir est un monstre astronomique qui dévore les étoiles sans laisser échapper d'elles la moindre étincelle de lumière. Il n'y aurait donc pas de paix possible entre l'Étoile de Noël et tout système humain qui se comporte comme un «trou noir» face aux droits  de la personne et des peuples, face à la démocratie, face à la voix des jeunes, des femmes, des autochtones, des immigrants et des personnes différentes, et qui fait la sourde oreille aux cris de la rue et aux signes de détresse de la Terre elle-même...

Dès qu'elle s'approche de ces «trous noirs», l'Étoile de Noël pâlit et disparaît. Mais elle a ceci de particulier qu'elle revient toujours. Elle se rallume parfois là où on l'attend le moins, comme en Iraq, et au Liban et même en Iran. À Hong Kong, elle tient bon. Au Chili, en Haïti, en Algérie aussi. Parfois un grand dirigeant corrompu s'en va, une tête roule, mais cela ne suffit pas. On réclame du neuf ou rien. À la vue de la Maison Blanche, l'Étoile prend la poudre d'escampette... Au Vatican, elle paraît crevée, mais  elle s'accroche.

De fait, l'Étoile de Noël ne meurt jamais. Quand elle est réapparue  aux Mages, un réseau céleste est venu les  prévenir que leur vie ne pendait plus qu'à un fil, car le roi Hérode était très fâché contre eux. Ses services secrets l'avaient dûment informé que ces Mages étrangers avaient découvert un nouveau-né dans une étable de Bethléem; ils  s'étaient agenouillés devant lui, l'avaient  salué comme le Roi des Rois et  l'avaient couvert de cadeaux. Hérode était au bord de l'apoplexie. «Le seul roi, c'est moi!», s'était-il écrié en déchirant ses vêtements.  N'eût été de l'Étoile qui leur montra un chemin par où s'échapper, les pauvres Mages étaient cuits.

Floué par eux, Hérode entra donc dans une colère dont on parle encore aujourd'hui, car,  pour se calmer,  il ordonna de massacrer tous les enfants de Bethléem qui avaient moins de deux ans. Histoire de tuer dans l'œuf le moindre soupçon d'éventuelle sédition autour de ce gamin que les Mages effrontés avaient traité comme un dieu. 

L'enfant de la crèche, cette improbable graine de subversif, se sauva de justesse de la fureur du roi, grâce à  Joseph, son père. Celui-ci, voyant venir le coup, prit le bambin avec sa mère et s'enfuit  en pleine nuit avec eux en direction de l'Égypte. En exil, dans le pays même où 1250 ans auparavant avait commencé l'incroyable saga du fameux «Peuple de Dieu», la belle Étoile qu'Hérode avait failli éteindre, refit le plein d'énergie.

Un an passa, puis Hérode, pour une fois dans sa vie, fit une bonne chose: il mourut. L'Étoile dansa de joie.  Sans perdre une minute, elle se remit en route et rentra au pays avec Joseph, Marie et le petit. Cette fois, elle mit le cap directement sur la bagarreuse Galilée, ancien fief de Nephtali et de Zabulon. Normalement, ce petit coin de l'univers aurait été un paradis, si, pendant des siècles, le  monde entier ne lui avait pas envié son lac magnifique, sa terre fertile, son poisson, ses figues, ses vignes, ses moutons et sa situation idéale pour faire du commerce  avec les pays étrangers. On se l'arrachait de tous bords et de tous côtés. La Galilée était saignée à blanc. Elle était à bout.

C'est dans cette Galilée qu'au retour d'Égypte  l'Étoile a grandi. Et c'est là, au bord du lac, qu' elle a pris chair, os, cœur, sang et visage, et qu'elle est devenue  «Jésus».

Dans la personne de Jésus, elle a marché avec les piétinés du pays et n'a fait qu'une seule chair avec eux. Elle les a relevés, les a remis en marche, les a sortis de leurs tombeaux. L'Étoile de Noël, en la personne de Jésus, est devenue la  "lumière des nations".

Ça ne dura pas trois ans. Les petits Hérode qui avaient remplacé le Vieux, mort depuis peu, continuaient de faire trembler le pays. Il faut dire aussi que la présence sur le terrain de la Légion romaine (vraie bande d'éléphants sauvages lâchés dans un centre d'achat) n'arrangeait pas les choses. Donc, le «trou noir» de Jérusalem- Bethléem- Galilée avait toujours de beaux jours devant lui.

D'autant plus qu'il pouvait compter sur la totale collaboration de la clique de grands-prêtres et d'experts en religion qui se prenaient pour les  «propriétaires de Dieu et les maîtres infaillibles de la Vérité». Depuis la  forteresse du Temple où ils trônaient, ils menaient une guerre implacable à tous les contestataires qui ne leur obéissaient pas au doigt et à l'œil.

Or notre Jésus-Étoile était justement un de ces contestataires, car il était un homme libre. Il n' était pas un béni-oui-oui (à l'instar d'un tas de disciples qui se sont réclamés de lui par la suite)... Il était le mal de tête des locataires du Temple. Ces derniers, après avoir accumulé un dossier  accablant contre lui, se sont jetés sur son dos comme des hyènes et l'ont fait voler en éclats sur une croix. En plein midi le monde plongea dans la nuit la plus obscure de l'univers. L'Étoile, cette fois, était bien morte. 

Mais, qu'on le croie ou pas, à l'endroit même où il ne restait plus que vide et mort, l'Étoile est réapparue en toute douceur dans le même souffle que le soleil levant du premier jour d'une Création nouvelle. De simples pêcheurs qui n'avaient pas pris un seul poisson au long d'une nuit sans fin, se sont «éveillés» soudain. Ils se sont levés et lancés joyeusement sur tous les chemins de la grande aventure des humains en partageant sans compter un  poisson à saveur de résurrection et d'éternel matin de printemps.

Aujourd'hui, après deux mille ans, ces braves pêcheurs ont vieilli. Ils sont terriblement fatigués. Ils ne trouvent plus de main-d'œuvre à bon marché pour faire le travail à leur place. Ils ne sont plus capables d'innover, d'inventer ou de créer. Ils sont prisonniers de leur petit monde, et bien qu'encore en vie, on dirait qu'ils sont  déjà embaumés...  En tout cas, il n'y a plus de grand avenir pour eux. Il est clair que le «Trou noir» a gagné. Pour l'Étoile le coup est très dur.


Est-ce que l'Étoile s'en remettra? Surprendra-t-elle de nouveau? Se rallumera-t-elle?... Moi, je jure que oui... Mais je jure aussi que les choses ne seront jamais plus pareilles. NUNCA MÁS! Tout sera complètement neuf!
                                                                       ELOY ROY


«Voici, je refais tout à neuf» (Apocalypse 21, 5).




  OPTION JOIE! Le monde est à l’envers. Notre planète s’en va chez le diable. Comme lave de volcan des fleuves de sang coulent sur les f...