LE RETOUR DE LA FILLE
La Manche libre
Une
éternité durant
à
contre-voie
par des
chemins interdits
violents
fumeux
j'ai coupé
la corde
qui me
retenait au père
à la mère
au
"home sweet home"
j'ai
coupé les ponts
avec le
Dieu des lois
qui mène
le monde
depuis
les églises et les temples
mais
bientôt
mes pieds
se sont enchevêtrés
dans
d'autres câbles
encore
plus gros
goutte
à
goutte
ma
vie
s'est
vidée
de
moi
portant
sur mon
dos
ce qui en
reste
je me
traîne
aujourd'hui
à pas
lourds
sur le
sentier
du
retour
de très
loin
à travers
les brouillards et les broussailles
des
années et des distances
le cœur
de ma
vieille mère
devine
que c'est
moi
qui vient
entrailles
frémissantes
os
fragiles
dans la
poussière
elle
arrive
en boitillant
gémissement
sourd
plainte
animale
étreinte
interminable
baisers
larmes
chaudes
mes
lèvres tremblantes
restent
cousues
j'entends
sa voix
à peine
audible
presque
complice :
« viens,
petite, viens,
rentrons
à la maison »
appuyées
l'une sur
l'autre
elle sur
moi
moi sur
elle
nous
rentrons
clopin-clopant
le cœur
battant
dans les larmes
elle
est fière
elle
sait
que ce
que j'ai fait
je
devais le faire
ne
plus être l'appendice
de ce
qui est déjà établi
et
empêche de grandir
me
défaire du dieu sombre
de la
civilisation
et de
la religion
qui
s'est incrusté dans les replis de mon génome
et
fait barrage dans les profondeurs de mon être
au
Dieu de la liberté et de la joie
le chien
très
vieux maintenant
vole à ma
rencontre
en
faisant des bonds en l'air
ma grande
sœur
que
j'avais oubliée
se jette
à mon cou
et me
couvre de baisers
fête
retentissante
dans le
pays
j'étais
morte
maintenant
je vis
longtemps
j'ai été
une ombre
aujourd'hui
je suis
à image
de
Celui que j'appelle "Dieu"
mais
dont le nom véritable
est
"JE SUIS"
Eloy Roy
Commentaires
Publier un commentaire