22 avril 2019


LES PIERRES CRIERONT!

NOTRE-DAME DE PARIS BRÛLE,
LES «GILETS JAUNES» NE LÂCHENT PAS.

Ph. AP Thibault Camus.

Le 15 avril au soir, un incendie éclate dans les combles de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Au même instant, le Président de la République s'apprête à prononcer un discours d'extrême importance au sujet des  «gilets jaunes». Tout le pays est sur le qui vive. Mais la cathédrale brûle et le discours du Président est suspendu.

La veille de ce soir fatidique, entre les murs de cette même cathédrale, un événement vieux de 20 siècles reprenait vie dans la liturgie du jour. En notre temps, cet événement serait probablement signalé comme  la «manif des Rameaux». Parmi les participants, pas de «gilets jaunes», mais un groupe de Galiléens décidés d'en découdre avec le pouvoir. Parmi eux,  un certain Jésus de Nazareth...

Marginalisés depuis toujours, durement exploités par les autorités locales et par l'occupant romain, les habitants de la Galilée n'en peuvent plus. Ils protestent, mais on ne les entend jamais. Au contraire, on les réprime sans pitié. Pour se faire entendre il faudra frapper un grand coup.         

Ces jours-là,  Jérusalem, capitale du pays et siège du pouvoir, est en liesse. Elle célèbre la Pâque, la grande fête de la nation. La vieille fibre nationaliste de tout un peuple se réveille. Des Juifs venus de partout montent à Jérusalem. C'est l'occasion rêvée.

Un groupe de Galiléens surchauffés prend à son tour la direction de la capitale.  Avec eux va Jésus. En raison de ses  positions très critiques à l'égard des dirigeants, celui-ci est de plus en plus reconnu comme prophète. En arrivant donc aux portes de la ville, les Galiléens se regroupent avec grand bruit, font monter Jésus sur un petit d'âne, brandissent des rameaux arrachés aux palmiers, étendent leurs manteaux sur le sol, entonnent des chants patriotiques, et, en plein sous le nez des autorités du pays, font défiler Jésus en l'acclamant roi.    

Est-ce une blague? Il semble que non. On interpelle Jésus: «T'es fou, ou quoi? Tu veux mourir?...Fais-les taire!» Pour toute réponse, Jésus met ses mains en porte-voix et crie à son tour: «Je vous le dis: si eux se taisent, les PIERRES crieront!» (Luc 19, 40). 

Or, à Paris, dans la nuit du 15 au 16 avril, les pierres de la magnifique cathédrale (dont on dit qu'elle est la plus photographiée du monde), ont bel et bien crié, et crient encore. Depuis leurs 800 ans de vie, on les entend encore gémir dans les flammes.

Des vitraux superbes ont éclaté, d'importantes structures en bois et des œuvres de grand prix sont parties en fumée. Mais l'essentiel des œuvres d'art et du bâti de pierre a été sauvé.  Pour quelques milliards d'euros, la belle Notre-Dame sera reconstruite.

      Ph.  Daniel Samulczyk 

Non loin de cette église de pierre dévorée par les flammes se tient une autre église. Une église d'une autre sorte. Elle est de chair et d'os. Elle ne porte pas d'habits d'or mais des... «gilets jaunes». Elle est un peu comme «l'église» du petit peuple. Elle est là, debout, les larmes aux yeux. Elle prie sans trop savoir. Délabrée, désorganisée, tapageuse, et maintenant hébétée, atterrée, dépassée par les événements, rien ne la décourage. Elle va continuer de manifester aussi longtemps qu'elle n'aura pas vraiment été écoutée.   

Car cette église des «gilets jaunes», même non croyante ou non pratiquante pour le plus grand nombre, vaut aussi cher que l'église de pierre en train de brûler. En fait, elle est d'une valeur inestimable; elle mérite d'être sauvée infiniment plus que tous les trésors de toutes les églises du pays. D'autant plus qu'une simple opération de justice sociale qui lui permettrait de se relever coûterait probablement moins cher qu'une reconstruction à l'identique de la bonne vieille église qui vient d'être ravagée...


«S'ils se taisent, avait dit Jésus, les pierres crieront»...

Jeudi prochain le Président reprendra son discours. Il s'adressera à la nation pour donner sa réponse aux «gilets jaunes». On verra si le cri des pierres de la cathédrale incendiée aura été entendu.
  

PSAUME 74 (73)

Le Temple est saccagé, Israël est touché en plein cœur. Le psalmiste a la mort dans l'âme. Où est Dieu? Jusques à quand? Pourquoi?...

Égypte, Ninive, Babylone, et plus tard, Rome ne supportent pas l'esprit rebelle de leur colonie juive. Ce petit peuple est attaché jalousement à son indépendance. Pour lui, sauver ses lois, sa culture, son Dieu est une question de vie ou de mort, c'est-à-dire le seul moyen de ne pas se laisser avaler par les grands empires et de ne pas se dissoudre en eux.


TOI QUI ES, pourquoi traites-tu ton peuple si durement,
l'aurais-tu rejeté pour toujours?

Autrefois, tu avais fait de nous ton peuple particulier;
tu nous avais rachetés de l'esclavage en terre étrangère,
tu avais fait de nous tes héritiers.

Souviens-toi du mont Sion
et du Temple où tu avais établi ta demeure.
Porte tes pas vers ces lieux aujourd'hui dévastés:
ton sanctuaire a été ravagé de fond en comble!

Tes ennemis ont rugi dans l'enceinte de ton temple,
ils ont saisi nos symboles sacrés
et les ont remplacés par les leurs.
On les a vus s'y ruer comme dans une épaisse forêt, la hache au poing:
en un rien de temps ils avaient tout cassé.

À coups de haches et de marteaux
ils ont fracassé toutes les sculptures de ta Maison,
ils ont mis le feu à ton sanctuaire,
ils ont profané et abattu la demeure de ton Nom.
En leur cœur ils disaient: "Pas de pitié pour personne!"       

Puis, ils brûlèrent tous les lieux saints dans le pays.
Nos signes n'apparaissent plus nulle part;
nous n'avons plus de prophètes, 
et parmi nous personne ne sait combien de temps cela durera.

Jusqu'à quand, l'oppresseur continuera-t-il son outrage, 
quand cessera-t-il de te mépriser, TOI QUI ES ?
Pourquoi donc as-tu retiré la main de ta droite?
Sors-la de ton sein! Fais quelque chose!
Toi, mon roi dès les temps anciens,
vainqueur des combats sur la face de la Terre.

Tu as fendu la mer par ta puissance,
tu as fracassé les têtes des dragons sur les eaux.
Tu as écrasé la tête de Léviathan, le crocodile,
pour le donner en pâture aux monstres marins.
Au désert, tu as fait jaillir des sources et des torrents,
et dans la plaine, tu as mis à sec des fleuves intarissables.

À toi est le jour, à toi, la nuit;
tu as créé le soleil et les astres.
tu as fixé les limites de la terre,
tu as établi l'été et l'hiver.

Souviens-toi qu'un ennemi t'a méprisé.
et qu'un peuple insensé a blasphémé ton Nom!
Ne laisse pas la bête égorger ta Tourterelle.
Par amour pour ton alliance,
n'oublie pas pour toujours la vie de tes malheureux!

Vois, la guerre est partout,
et les cavernes du pays regorgent de brigands.
Que l'opprimé échappe à la honte!
Que le malheureux et le pauvre célèbrent ton Nom!

Lève-toi, ô TOI-QUI-ES, défends ta cause!
Souviens-toi que des insensés t'outragent chaque jour!
N'oublie pas les ravages qu'ils font,
écoute les cris de haine qu'ils poussent sans fin contre toi!

Nous avons dit: «Nous sommes le Christ.
Nous avons la vérité.
Dieu est avec nous.
Nous toucher, c'est toucher Dieu»
Nous avons planté nos temples partout.
Nous sommes devenus la connaissance, la santé,
la pensée, la conscience
et la vie même de tous les peuples.
Nous étions la puissance même de Dieu,
nous étions «la chrétienté».
En dehors de nous il n'y avait pas de salut.

Nous avons fait de grandes choses
nous avons enseigné le bien
nous avons fait le bien
même que nous l'avons imposé
souvent avec des armées.
Innombrables furent nos abus...
C'est pourquoi aujourd'hui
nos signes ne parlent plus,
nos paroles
même les plus sublimes
sonnent creux.
Nos temples s'écroulent,
notre encens se refroidit.
Nous sommes devenus des ombres...
Dans la poussière,
nous attendons une nouvelle création.


PSAUME 102 (101)

Un homme est détruit par la maladie; il pleure sa misère. Il est devenu une ruine. Il ressemble à Jérusalem qui a été saccagée et n'est plus qu'un tas de poussière... "Tu vas tout créer de nouveau, TOI QUI ES!"

Ô TOI QUI ES, entends ma prière :
que mon cri parvienne jusqu'à toi !
Viens vite, réponds-moi! 

Mes jours s'en vont en fumée,
mes os brûlent comme un brasier ;
mon cœur se dessèche comme l'herbe fauchée,
j'oublie de manger mon pain ;
à force de gémir, ma peau colle à mes os.

Je ressemble au corbeau du désert,
je suis pareil à la hulotte des ruines :
la nuit, je veille comme un oiseau solitaire sur un toit.
Le jour, mes ennemis m'outragent et me maudissent.

La cendre est le pain que je mange,
je mêle à ma boisson mes larmes.

M'aurais-tu rejeté, TOI QUI ES?
L'ombre gagne sur mes jours,
et je me dessèche comme l'herbe.

Pourtant, TOI QUI ES, tu es là pour toujours ;
d'âge en âge on fera mémoire de toi.
Attendri pour ta Ville, tu te lèveras;
il est temps de la prendre en pitié,
car l'heure est venue.
Tes serviteurs ont pitié de ses ruines,
ils aiment jusqu'à sa poussière.

Quand tu rebâtiras Sion,
quand tu apparaîtras dans ta gloire,
quand tu te tourneras vers la prière du spolié,
quand sa prière ne sera plus méprisée,
les nations respecteront ton nom, ô TOI QUI ES,
et tous les rois de la Terre te glorifieront. 

Ton peuple, que tu auras créé de nouveau,
chantera ta louange,
et pour l'âge à venir il sera écrit:
« Du haut de son sanctuaire, CELUI QUI EST s'est penché ;
il a regardé la terre; il a entendu la plainte des captifs,
il a libéré ceux qui devaient mourir. »

Dans Sion on célébrera CELUI QUI EST,
sa louange retentira dans tout Jérusalem
lorsque les royaumes et les peuples viendront
et se rassembleront pour le servir.

Oui,  ma force s'est brisée en chemin,
le nombre de mes jours s'est réduit,
mais j'ai dit : « TOI QUI ES,
ne me prends pas au milieu de mes jours ! »
Tes années recouvrent tous les temps :
autrefois tu as fondé la Terre,
le Ciel est l'ouvrage de tes mains;
l'une et l'autre passent, mais toi, tu demeures :
ils s'usent comme un vêtement
qu'on remplace par un autre,
alors que toi, tu restes le même ;
tes années n'ont pas de fin.

Les enfants de tes serviteurs vivront en ce pays,
et leur descendance se maintiendra devant toi.

Eloy Roy

Pâques, 21 avril 2019



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