MARCEL GÉRIN, évêque
Par Eloy Roy
Entre 1936 et 1942, Marcel Gérin fait d’une
pierre deux coups. Avec une seule thèse,
il décroche un doctorat en Missiologie à Rome,
et un doctorat en Droit Canonique à Québec. Au golf, cela équivaudrait à faire en même
temps d’une seule balle deux trous. Ce tour de passe-passe n’est que le premier
d’une longue série de hauts faits qui seront conçus et mis au monde par cet
homme à l’esprit pétillant, coquin et roublard, toujours controversé mais
jamais ennuyant.
De cette thèse demeurée célèbre, M.
Gérin affirme qu’elle est le plus
puissant somnifère que la terre ait connu. Il raconte que sa vieille mère, tourmentée par d’incurables insomnies,
n’avait qu’à en lire un ou deux paragraphes pour tomber comme par magie dans
les bras de Morphée.
Par son intelligence, Marcel Gérin se gagne
l’admiration de beaucoup de monde; par son humour, pas toujours méchant, il
amuse même ses ennemis; par sa ruse et sa manie de la contradiction, il a l’art
de s’assurer la grogne sournoise de la moitié de l’humanité. Il a donc son côté
malin. Mais par sa timidité, son innocence, sa vulnérabilité et son humilité,
il a aussi son côté candide. En lui se réalise bellement la parole de
Jésus : « Montrez-vous malins comme les serpents et candides comme
les colombes » (Mt 10, 16).
Ses deux doctorats le servent bien. Lorsqu’il
s’agit de passer à travers les mailles de la Loi, il invoque les appels
pressants de la Mission, et lorsque parfois ses élans missionnaires lui créent
trop d’embarras, il déterre toujours quelque part un canon poussiéreux qui le sauve du bûcher.
Mais ces deux doctorats reflètent aussi
l’ambivalence d’une époque. Dans l’Église d’avant le Concile Vatican II, le
Droit canonique est le rempart de ce qui est sûr, solide, définitif, immuable
et éternel. La place qu’y occupe la Mission se borne tout au plus à un devoir
d’exporter partout dans le monde la copie conforme d’un modèle d’Église faite
de paroisses et de diocèses que la tradition avait coulé dans le béton et
entouré d’une aura équivalente à celle du Décalogue. Mais la Missiologie vient
de naître. Avec elle pointe à l’horizon une vision de la Mission un peu moins
étriquée. Tenter d’être fidèle à la fois aux exigences de l’Institution
traditionnelle et à certains questionnements venant de la Mission, ne va pas de
soi. Marcel Gérin, qui incarnera jusqu’au bout ces deux fidélités, sera
constamment tiraillé entre l’une et l’autre et, parfois même, crucifié. La
grande miséricorde de Dieu, dont par ailleurs il s’estime « l’objet le
plus indigne » (comme il le répète a profusion), et sa roublardise légendaire
peuvent seules expliquer le mystère de sa longévité.
En 1964, je suis la seule personne dédiée à
plein temps à accompagner un nouvel évêque qui doit créer de toutes pièces un
diocèse naissant. Marcel Gérin est cet évêque.
Pendant qu'il fait ses premiers pas comme
évêque, moi je fais les miens comme prêtre.
Il a déjà derrière lui une longue expérience missionnaire, moi je n’en
ai aucune. À Cuba, il a fait des choses pour lesquelles il est porté aux nues
par les uns, et fortement critiqué par les autres.
Arrivé depuis un an au Honduras, il est
engagé dans un secteur huppé de la capitale, Tegucigalpa, tout à fait aux antipodes du
diocèse qu’on vient de lui confier à Choluteca, dans le sud du pays. Cette région,
qui ne manque pas de charme, est surtout une marmite tropicale dans laquelle
bouillent à peu près toutes les plaies du Tiers-monde.
Marcel Gérin entre donc à Choluteca comme
« Prélat NULLIUS », c'est-à-dire « de nulle part ». Il doit
gagner chaque millimètre carré de son territoire et se faire pardonner d’être
là. Car sa nomination déplaît sérieusement à quelques-uns de ses confrères missionnaires
qui occupent déjà la place depuis un bon bout de temps. Ils se sont
charitablement empressés de mettre la bergerie en garde contre ce nouvel élu du
Pape qu'ils avaient connu dans une autre mission et qu'ils jugeaient difficile
à "gérer". "Gérin" , le pas facile à "gérer", entre donc dans ses nouvelles terres sur la pointe des
pieds.
Dès le départ, il se promet de ne déranger
personne. Ses premiers échanges avec ses confrères missionnaires sont
marqués par la prudence, la sagesse et la bonne volonté: « Chacune de vos
paroisses, leur dit-il, est déjà un diocèse. Je ne viens pas ici pour en ajouter.
Je me propose, au contraire, de chercher avec vous les moyens d' alléger votre fardeau».
Le diocèse, selon sa conception, serait un
ensemble dans lequel la structure diocésaine se situerait « à côté »
des paroisses et à leur service. Dans cette conception, les paroisses garderaient
leur autonomie de toujours, et le diocèse deviendrait une sorte de station-service à leur disposition. On
ne se le fait pas dire deux fois. Les curés habitués à faire la pluie et le
beau temps dans leur paroisse, continuent de tout "gérer" à leur
façon, tout en prenant soin de garder le prélat à l'écart. Marcel Gérin ose-t-il prendre la moindre
initiative sans parvenir à toujours consulter tout ce bon monde, on crie à l’abus
de pouvoir. Si, par mégarde, il ne consulte pas de façon particulière ses plus
fervents détracteurs, le groupe entier, pour se protéger des retombées
radioactives de ces derniers, lui en fait de vifs reproches. Si bien que, pour
l’amour de la paix, et surtout pour ménager les confrères de bonne volonté qui
souffrent de cette situation, le prélat doit se contenter de faire les
confirmations et de bénir les cloches.
Jugeant inacceptable cette mise en cage,
Marcel Gérin choisit de déjouer l’adversaire en misant candidement sur son
fameux don de ruser. Pour lui, il ne s’agit que d’un jeu, mais pour d’autres,
cela équivaut à une déclaration de guerre. Guerre qui ne prendra fin que 20 ans
plus tard lorsque l’homme aura remis sa démission, laquelle sera devancée par deux ou trois solides infarctus qui, tout
doucement, l'emporteront vers la tombe avec une jambe en moins.
Les tribulations n’empêcheront pas Marcel
Gérin de jeter les bases d’un diocèse tout à fait dans l'esprit du Concile
Vatican II. Malgré la méfiance qu’il s’attire et les coups qui pleuvent (et
qu'il ne mérite pas toujours), il appuie
sans réserve, renforce même, les plus grands acquis de ses prêtres
missionnaires. Il complète l’œuvre remarquable de ces derniers ( qu’au fond il aime et admire). Il met sur pied d’importants
services qui donnent le branle à un mouvement de grande ampleur dont la ferveur
pour l’évangélisation, pour la formation, pour la communication, pour le
changement social et pour le développement se transmet comme une traînée de
poudre à tout le pays, et bien au-delà..
Il se fait constamment du souci pour la grande
Église latino-américaine à la fois si catholique et souvent si peu évangélisée.
Il ne se lasse pas de chercher volontaires et fonds pour former des équipes qui
iraient ici et là prêter main-forte aux
Églises moins favorisées. C’est le rêve de sa vie. À la fin, après divers
essais demeurés sans lendemain, il se consacre à la fondation de Marilam, une
petite communauté de religieuses missionnaires, qui devient le bébé de son cœur et la grande
consolation de ses vieux jours. Elle est aujourd’hui un motif de fierté et de
grand espoir pour l’humble et sympathique Église du Honduras. C’est d’ailleurs
dans la genèse de ce projet, lui-même surgi d’ORBIS - un mouvement missionnaire
pour la jeunesse également créé par l’ancien
évêque de Choluteca -, que prennent racine le groupe Ad Gentes, et peut-être le
CEFAM, deux instruments de promotion de laïques missionnaires qui feront des
petits en terre hondurienne.
On dira de Marcel Gérin tout ce que l’on veut,
mais jamais personne ne pourra lui reprocher de bloquer la vie, l’initiative,
la créativité, l’imagination et les risques courageux. Il n’est jaloux
d’absolument rien, même pas de ses œuvres les plus chères, qu’il abandonne
volontiers au premier venu, pour mieux se dédier à en accoucher d’autres… Il est
une machine à projets. Avec raison certains confrères, qui ont aussi de l’humour,
disent de lui : « Notre évêque va en jet, nous, en jeep, et les gens
du pays, en "kaites*" ».
À la fois homme rivé à l’Institution mais
aussi homme du large, Marcel Gérin est un amoureux de la Vierge et un fervent
néo-converti au Ressuscité. Il est profondément attaché à son sacerdoce, mais
la promotion des laïques mobilise le meilleur de ses énergies. Il aime la Tradition , mais en même
temps il est entièrement tourné vers le Développement dans une acception humaniste
qui se veut libératrice. Bref, même s’il se montre rigoureusement fidèle aux
valeurs reconnues « immuables », il ne cesse pas de chercher.
De par sa culture on pourrait détecter chez
lui un certain penchant pour les vertus bourgeoises,
mais, en réalité, sa conscience
missionnaire l'emporte toujours. Elle le force à se remettre en question et à
se laisser bouleverser par le drame des pauvres. À certaines heures, il répond
avec audace et ferveur à l'appel des opprimés. Ces moments très forts
d’intervention évangélique et d’authentique prophétisme lui valent un amour et une
reconnaissance sans limite de la part de toute la masse de « petites
gens » dont il est le pasteur. Enfin, bréviaire d’une main et machine à
écrire de l’autre, il devient contre toute attente l’homme qui donne des ailes
au magnifique projet des Prêtres des Missions-Étrangères du Québec au Honduras.
Sans lui, ce projet serait peut-être demeuré enfoui comme un talent précieux
entre les quatre murs d’une petite Église plus ou moins anonyme. L’inverse est aussi
vrai : sans ces prêtres, sans le travail de base qu’ils assurent, sans les fleuves de sueur qu'ils
versent pour défricher le terrain et le faire produire, la plupart des projets
de l’évêque n'auraient peut-être été que
du vent.
Malheureusement trop absorbé par son
agenda, le bon évêque finit par donner l’impression
de confisquer le diocèse à des fins missionnaires, très louables il va sans
dire, mais qui s'éloignent de plus en plus des préoccupations quotidiennes des
hommes et des femmes qui suent à grosses gouttes sur le terrain. De là, de fortes tensions dans la demeure. Ce
n'est pas la bombe H, mais à certains moments les couteaux volent bas. À un
jeune prêtre qu'il a ordonné et auquel on met volontiers les bois dans les
roues, il a ce mot amer qui en dit long: « Ils te pardonneront tout, sauf
le succès »...
Jamais, en effet, Marcel Gérin n’a le loisir
de savourer ses succès. Son clergé se fait généralement un devoir de le priver
de ce plaisir. Lui-même, cependant, n'en
fait pas de dépression. Il semble que les crises cardiaques qui lui sont venues s'expliquent plus par
sa génétique que par la guérilla cléricale. De toute façon, son humour ne tarit
jamais, même pas dans les situations les
plus douloureuses.
Son souffre-douleur préféré est le bon Père
Wil, dont il est l’aîné de quelques
années. Bien que plus jeune que Gérin,
le bon Wil a le malheur d’avoir le crâne dégarni, et de ne pas trop aimer qu’on en rie. Si bien
que l’impitoyable Gérin répète à qui veut
l'entendre que lorsqu’il est entré aux Missions-Étrangères, le Père Wil était
déjà un « vieux missionnaire de Chine » dont il avait lui-même souvent
servi la messe… Ce harcèlement se poursuivra jusqu’aux portes de la mort. Gérin
vient tout juste de faire un double arrêt cardiaque; il est sur un lit
d’hôpital en train de rendre l’âme. Au premier confrère qui s’amène à son chevet
et tout doucement lui demande à l’oreille comment il se sent, il ouvre un œil
malicieux et lui répond de sa voix agonisante: « Je me sens comme le Père
Wil quand il était dans son meilleur...».
Lorsque Rome lui donne un évêque coadjuteur
avec droit de lui succéder, Gérin peut enfin se reposer. Mais voilà que le
coadjuteur se met à avoir des problèmes de santé. Le vieil évêque s’en afflige,
et bien qu’il n’en mène pas très large lui-même, il ne peut s’empêcher de
manifester devant un large public que le piètre état de santé de son coadjuteur
l'oblige à s'offrir au Saint-Père comme coadjuteur de son coadjuteur avec droit
de lui succéder à son tour...
Rien de plus sérieux que des funérailles. Dans
notre chapelle de Pont-Viau, Marcel Gérin préside celles de son confrère, le
bon Père Lomme. Comme il convient, l’assemblée a une mine d’enterrement. Mitre
en tête et sérieux comme un pape, Marcel Gérin signale de la main le cercueil
du Père "Lomme", puis, jouant avec "Lomme" et "L'homme"
en allusion à un livre célèbre d'Alexis Carrel dont le titre est « L’homme cet inconnu! », il présente
le défunt en laissant tomber solennellement ces trois mots: "LOMME, CET
INCONNU".
Un jour, à Ségovie, en Espagne, devant un
auditoire de trois cents séminaristes, petits et grands, tous en soutanes
noires boutonnées jusqu’au cou, Marcel Gérin, évêque missionnaire venu du
lointain Honduras, s’exclame : « J’ai un problème
épouvantable! » Long silence. Les séminaristes retiennent leur souffle. Dieu
va certainement leur parler par la bouche de cet évêque, et peut-être en
appeler quelques-uns à donner leur vie en mission lointaine. L’évêque reprend
la parole : «Dans mon diocèse de l'autre bout du monde, je fais face
à un problème terrible. Le problème, c'est que
j’ai TROP de prêtres! »
Jamais sous le ciel de la très catholique Espagne
on avait entendu chose aussi stupéfiante. Alors qu'il n'a que vingt prêtres
pour un demi-million de personnes aux prises avec toutes les calamités du
tiers-monde, cet évêque se plaint d’avoir trop de prêtres. A-t-il perdu la
tête?
« Non, je n’ai pas perdu la tête. Si
j’avais plus de prêtres, les laïques ne seraient que des corps morts dans
l’Église de Choluteca, mais comme les prêtres ne suffisent pas à la tâche, nous
devons nous rendre à l'évidence: l'Église n’est pas et ne doit pas être une
affaire de prêtres, mais de laïques. Ce sont les laïques qui forment l’Église
et ce sont eux qui doivent la prendre en main. Les prêtres sont là pour les
animer et les accompagner sur ce chemin. Bien sûr que je veux des prêtres, mais
seulement pour cela. » Et de raconter à ses auditeurs interloqués que des
petites communautés entièrement assumées et animées par les laïques poussent
comme des champignons à Choluteca; elles sont en train de s’étendre par tout le
Honduras et jusque dans les pays voisins. Elles croissent par la puissance de la Parole de Dieu confiée aux
laïques, qui souvent n’ont pas plus qu’une année ou deux d’études primaires,
mais dont le cœur est plus proche du Royaume que la tête de la plupart des
diplômés en sciences ecclésiastiques.
Depuis ce discours, trente-cinq années se
sont écoulées. Les braves séminaristes de Ségovie ont eu amplement le temps de
se remettre de leur choc. Ils ne savent peut-être pas encore qu’ils ne sont pas
les seuls dans l’Église à ne pas avoir pigé…
Le vénérable évêque Gérin se vante de parler
l’allemand. Un jour justement, un Allemand se pointe à l’évêché. Un confrère,
poussé par le diable, prie le visiteur de bien vouloir s’adresser à l’évêque
dans sa langue, en l’assurant qu’il en serait ravi. L’homme s’exécute, mais
l’évêque n’y comprend goutte. Dès que le visiteur quitte les lieux, la piètre
performance du prélat ne manque pas de faire des gorges chaudes. Cependant, avec
une moue pleine de pitié pour les barbares qui l’assaillent, celui-ci déclare:
« On voit bien que vous n’y connaissez rien. Ce bon monsieur ne parle
qu’un vulgaire allemand avec un accent du nord. Moi, c’est l’allemand classique
que je parle, avec un accent du sud »…
Il se débrouille certainement mieux en latin
qu’en allemand. Il lui arrive même de faire des jeux de mots en cette langue
qu’on dit morte. Au moment de choisir sa devise épiscopale, il tient mordicus à
afficher son amour inconditionnel envers la Vierge. Plein d'enthousiasme, il expose
son projet tout marial à celui qui en ce moment écrit ces lignes. Ce dernier,
iconoclaste invétéré, profite de
l'occasion pour porter un dur coup à ce culte sentimental qui privilégie la Mère
au détriment du Fils, et coupe à l’évêque toute envie de poursuivre dans cette
ligne. Le pauvre homme baisse la tête et bat en retraite. Il rapplique une
heure plus tard avec une autre devise tirée d’un écrit de saint Augustin (qui
aurait été merveilleuse si elle avait toujours été mise en pratique) :
« Dilatentur spatia Caritatis » (Il faut élargir les espaces de la Charité ). Le jeune
inquisiteur approuve la nouvelle devise sur-le-champ et s’empresse de la faire
imprimer avant que son patron ne change d’idée. Mais l’évêque n’est pas
heureux.
Les mois passent. Un jour qu’un peintre est en
train de reproduire ses armes épiscopales en grand format, l’évêque a un éclair de génie. L’heure est venue de se
venger de l’antimarianisme de son méchant compagnon. À l'insu de ce dernier, il
demande à l’homme au pinceau de peindre un autre petit ruban sous le chapeau
des armoiries et d’y ajouter une seconde devise : « Servus Matris
Ecclesiae », qui se traduit : « Serviteur de la Mère Église ». Or, par
un caprice de la langue latine, cette phrase peut aussi bien se traduire:
« Serviteur de la Mère
de l’Église », (c'est-à-dire "Serviteur de la Vierge Marie"),
titre récemment conféré à la Vierge par le Concile Vatican II et le pape Paul
VI. La victoire de l'évêque Gérin est totale. L'hérétique secrétaire-chancelier
est cloué au tapis. Une fois de plus, le
serpent est mis K.O. sous le pied de Marie.
Que Marcel Gérin ait survécu à trois
affreuses crises cardiaques, dont une seule aurait pu normalement le mener tout
droit à la tombe, tient du miracle. Mais que, très peu de temps après, il subisse
l’amputation d’une jambe sans y laisser sa peau, tient du plus grand prodige. Pour
lui, cependant, il n’y a rien d’étonnant à cela. Il s'amuse à répéter à tout vent:
« J’avais un pied dans la tombe et maintenant, on me l'a coupé!... »
Sur une seule jambe, il retourne au Honduras, où il se rassasie encore de nombreux
jours, entouré de l’affection de tous, même de cette « moitié de
l’humanité » qui s’était donné la sainte mission de lui faire gagner son
ciel malgré lui.
Le 1 juin 1997, un éblouissant Père Wil portant une longue
chevelure aux boucles d’or ouvre la porte du paradis à ce vieil évêque émérite
de Choluteca qui s'était si souvent moqué de son crâne dégarni.
Marcel Gérin est maintenant là-haut, défiant
tous les anges et les saints au bridge, au yum et au domino. Bien entendu, il
n’a rien perdu de sa capacité de tricher et de s’amuser; au contraire, il en
use maintenant d'une façon infinie, sous le regard habitué de Marie, Mère de
l’Église.
ELOY
ROY
29 juillet 2004
*Kaites :
sandales artisanales taillées dans de vieux pneus portées par les paysans.
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