Cain et Abel par Bild Kuns von |
Bien que des années-lumière nous séparent, je dis au
groupe armé de l’État Islamique :
« Vous, hommes et femmes de DAESH, vous êtes mes
proches. Bien avant d’être des terroristes ou des fous d’Allah, des
musulmans de telle race ou de telle école , avant d’être des mercenaires,
des violeurs, des coupeurs de têtes, des malades ou des ennemis, vous êtes des
humains comme moi.
Même si vous me prenez pour un avatar du grand Satan, un
dépravé, un oppresseur de l’humanité, un déprédateur de la planète ; même
si pour vous je suis un idolâtre, un
colporteur d’armes, de drogues, de fausse religion, de fausse liberté et d’une
multitude d’autres « valeurs » létales pour le genre humain, je vous
assure que, avec ou sans barbe, je suis très
semblable à vous.
Hommes et femmes de DAESH, toutes vos folies, nous les
avons en nous, et toutes les nôtres, vous les avez en vous. Elles sont seulement apprêtées à des sauces
différentes, avec d’autres tonalités, d’autres couleurs, d’autres visages,
d’autres intensités. Nous sommes des humains capables de grandes merveilles,
mais nous sommes aussi des monstres. Et vous, vous êtes comme nous. Nous sommes
jumeaux.
Dans tout ce dont vous nous accusez, il n’y a à peu près rien de faux, et tout ce dont nous vous accusons est
probablement vrai. Même si nos vérités sont comme le jour et la nuit, nous
sommes, des deux côtés, sûrs d’être dans la vérité. Preuve de plus que nous
partageons les mêmes gènes.
Vous voulez contrôler le monde ? Eh bien, c’est
justement ce que nous voulons aussi. Vous voulez nous réduire à néant ?
C’est exactement ce que nous prétendons faire avec vous. Autre preuve que nous sommes
pareils. Plus semblables, on
meurt !
Aussi bien l’admettre. Vos kalachnikovs et vos kamikazes
ne vous débarrasseront jamais de nous, et nos bombes ne viendront jamais à bout de
vous. Les choses étant ainsi, aussi bien jeter nos armes à la poubelle.
Laissons retomber la poussière et voyons si on peut se parler. Si on peut s’écouter d’abord, puis voir
comment nous pourrions être plus justes les uns envers les autres. À défaut de nous
aimer, nous pourrions peut-être commencer à nous respecter. Ne sommes-nous pas, après tout, à
peu près frères siamois? »
Allez, les
bien-pensants, les docteurs de la rectitude, vous, les prudents,
moquez-vous de moi si ça vous chante, crachez-moi dessus, mitraillez-moi de clous
et d’épines, jamais vous ne m’arracherez que nous sommes les bons et eux les
méchants. Ni l’inverse.
Eloy Roy