31 décembre 2012

MEURTRE À LA CHAPELLE





Encore cette année, je me suis amusé à monter la crèche de Noël de notre chapelle en accrochant à des infrastructures des plus précaires les bons vieux trucs de toujours.

Comme tout le monde le sait, dans toute crèche,  à part l’enfant Jésus, Marie et Joseph, il n’y a pas  de personnage plus important que l’âne.
Car l’âne a reçu de Dieu la très noble profession de servir de compagnon aux pauvres et de porter leurs fardeaux. 

Eh bien, par une gaucherie dont moi seul ai le secret, j'ai eu le malheur de poser mon âne de plâtre  sur le bout d'une planche qui n'était pas clouée. Le pôvre a culbuté sur la mosaïque du plancher et s'est cassé en mille morceaux.  

Ça m'a fait bougrement mal, car j'aimais beaucoup cet âne d'âge vénérable dont les yeux reflétaient si paisiblement la béatitude des doux et la vigilance des bons.

Le bœuf était inconsolable. Il m'a traité d'assassin.

J'ai confessé mon crime à toute la maisonnée  et suis parti à la course faire la  tournée des magasins à la recherche d’un autre âne. Comme si j’allais pouvoir dénicher un âne de crèche dans un pays où, par les temps qui courent, Dieu en personne arrive à peine à se trouver une toute petite place pour lui-même!… Je suis donc rentré bredouille à la maison. 

Pendant ce temps, un jeune confrère de 83 ans, qui a passé sa vie à faire le bien au Japon et qui, dans ses loisirs, aime bien bricoler, est allé ramasser les miettes de l’âne cassé à l’endroit du crime. Avec une patience d'ange, il a réussi à reconstituer le défunt. Il l'a littéralement ressuscité! Je n'en croyais pas mes yeux.

L'âne est redevenu exactement comme avant, sauf qu'il a été repeint à neuf. Si bien que le bœuf en est devenu jaloux! 
Au temps des Fêtes, tout le monde se souhaite ce qu’il y a de mieux, mais au fond on sait que ces vœux ne changeront pas grand-chose. Comment se remettre à neuf, par exemple,  quand on a déjà des os cassés dans le corps, dans le cœur, dans l’âme, dans le couple, dans la famille, dans la société, dans l’Église, dans le monde entier?...

 "Ne désespérez pas", dit l’âne ressuscité, "on recolle les morceaux. Et, croyez-le ou pas, parfois ça fait des miracles!" 

                            VIVEMENT DES MIRACLES POUR 2013!

                                                                  Eloy Roy

16 décembre 2012

POUR LA RENAISSANCE DU MONDE


À mes parents et ami-es de la grande famille humaine,


                                                               Noël de tous les jours 

Je cherchais le moyen de donner du sens à mes voeux de Noël et de Bonne Année, lorsqu'un ange du Chaco, en Argentine,  m'envoie un "you tube" du Paraguay qui m'inspire beaucoup.  


On connaît ma rengaine: l'avenir de la planète se trouve chez les pauvres. Ils sont la plus grande richesse du monde. Mais cette immense richesse est désespérément ignorée et  parfois même méprisée. Si on donnait une vraie chance aux pauvres, l'humanité entière vivrait une nouvelle naissance. 



On pensera que je rêve en couleurs,  ou que j'exagère (comme si cela pouvait m'arriver!), pourtant, je suis sûr qu'avec de la créativité, de la bonne volonté et une joyeuse passion pour ce qui est juste et bon, de grands miracles peuvent s'opérer.

Voyez-en un exemple magnifique (parmi tant d'autres, sans doute) en cliquant sur ce lien: 


(Ce petit film est en espagnol avec sous-titres en anglais, mais les images parlent par elles-mêmes).

Le fameux "mystère" de la Crèche de Noël et l'essentiel de la Bonne Nouvelle de Jésus se trouvent traduits en chair et en os dans les séquences de ce film.

Il contient tout ce que je peux NOUS souhaiter de meilleur pour Noël, pour 2013, et pour le bout de temps qu'il nous reste encore avant que ce monde ne disparaisse.

                                      Avec Amour,
                                                                 Eloy

27 novembre 2012

TERRE



  
Trop de femmes et d’hommes rêvent d’une Bonne Nouvelle pour la Création tout en fermant les yeux sur la lente mort de la Terre.



Je suis fait de terre, d’eau, de feu et d’air. Je suis fait d’oiseaux, de branches, de poissons et d’insectes. Je suis fait de ce dont je me nourris. Je suis fait de métal et de poussières provenant de lointaines galaxies. 

Le système solaire, la planète Terre, les plantes, les animaux, les humains, mon propre corps, nous sommes reliés par une infinité de particules de même nature. Une même énergie nous meut en nous propulsant dans la grandiose danse du cosmos.

Je suis enfant de la terre, de l’eau et du feu et le souffle qui m’habite me fait frère du vent. Par la chair et le sang, par toutes les cellules, les fibres  et les énergies de mon être je suis rattaché  à l’univers. Mon souffle est le cordon ombilical qui me relie à lui; il me fait respirer avec lui et ma bouche se nourrit de lui.

Autrefois nous n’étions que des poussières dans l’immensité de l’univers,  mais maintenant qu’un certain nombre d’entre nous avons réussi à nous organiser et à nous développer, nous nous comportons comme si nous étions le nombril du monde. Nous avons fait de nous-mêmes notre propre mesure, notre propre centre et notre propre fin. Nous sommes devenus malades.

Cependant, parmi nous, des hommes et des femmes rêvent d’une Bonne Nouvelle de salut pour la Création entière tout en fermant les yeux sur la mort lente de la Terre. Ils chantent des requiem, mais ne parlent pas beaucoup de résurrection, sauf de la résurrection d’un certain Jésus mort il y a deux mille ans, et que des gens de son temps ont déclaré avoir revu vivant.

Ils récitent des psaumes et des phrases écrites par les autres, mais ils n’osent pas une parole neuve. Ils rabâchent de vieilles thèses plus ou moins rafraîchies, sans dire une parole qui recrée.  Une parole qui puisse éveiller l’humain, né revêtu d’étoiles et de rosée, mais que la solitude et l’ennui de notre temps ont comme enfoui dans les profonds replis de  l’inconscient.

On n’ose pas dire que Jésus est fait de terre. On a peur d’affirmer que notre monde lui-même est pétri de Dieu. Plutôt que de regarder d’abord comment la Parole créatrice germe dans la chair et le sang de notre monde, on concentre d’énormes efforts sur le décryptage d’écrits anciens qu’à peine quelques mortels réussissent à comprendre.

On parle beaucoup de Dieu mais on sait peu qu’il nous parle surtout par le silence, et aussi par le feu et le vent, par les langues de l’eau, de l’huile, du pain, du vin, par la langue des grains de semence, des arbres, des oiseaux, des poissons, des animaux. Par la langue des pierres!  Pourtant, de grandes lignes de l’évangile ont été écrites par ces créatures.

Aujourd’hui encore, ces langues parlent partout où la Nature n’a pas encore été ensevelie sous l’asphalte, le béton, les pipelines et les cheminées, ou sous l’arrogance de philosophies et de théologies guère portées à valoriser la boue dont Dieu nous a façonnés.

Si Dieu existe. S’il est le créateur de l’immense monde que nous habitons, comment ne déborderait-il pas de tendresse pour la plus petite  fourmi, et pour le dernier-né des humains? Comment ses entrailles ne frémiraient-elles pas pour la Terre elle-même, qui est aussi très petite?

N’est-elle pas la toute petite brebis que le grand Berger de l’univers préfère à tant  d’autres planètes et étoiles de son incommensurable troupeau?

« Lequel d’entre vous, nous demande Jésus,  s’il a cent brebis et vient à en perdre une, n’abandonnera pas les quatre-vingt-dix-neuf autres pour aller à la recherche de celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée?... » (Luc 15, 4).

La Terre est la brebis que nous avons perdue.

Sans elle nous sommes nous-mêmes perdus. La redécouvrir comme notre amie et comme notre mère est devenu urgent et vital. À cette aventure profondément humaine (et  spirituelle) nous convoquent aujourd’hui Dieu  et l’Histoire.  

Car les chemins les plus sûrs pour atteindre le ciel sont ceux qui passent par la Terre.

Tout est UN.

                                                         Eloy Roy


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Un laïque prend la parole dans notre Église: Lettre de Dominique Boisvert aux évêques  du Québec et du Canada au sujet des récentes mesures prises par ces derniers pour plier l'organisme Développement et Paix  aux exigences de l'aile conservatrice de l'épiscopat et du Gouvernement fédéral. 

10 novembre 2012

ÉVANGILE VOLÉ



LA BASE DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION


Dieu parle par les cris et les silences des appauvri-es de la Terre. La « nouvelle évangélisation » devra se faire l’écho puissant de cette voix, sinon elle ne sera qu’un avortement de plus.


     Lazare (Luc 16, 21)



ON A TOUT VOLÉ  AUX PAUVRES, MÊME L’ÉVANGILE

On ne peut rien y faire. L'évangile ne m'appartient pas, ni à moi, ni aux intellectuels, ni aux gens d'église, ni aux experts en Bible, ni aux télévangélistes, ni aux prêtres, ni aux évêques, ni aux papes.
               
L'évangile appartient aux pauvres.

L'âme de l'évangile, c’est Jésus et Jésus est un pauvre.

Jésus a vécu et lutté avec et pour les pauvres. Il s’est fait solidaire du pauvre. Il a été le compagnon, l’ami, le camarade, le frère, le défenseur des pauvres.  Il a souffert à cause des  pauvres. Il est mort pauvre parmi les plus pauvres.

De même que le soleil brille sur les bons et sur les mauvais, et sur les riches comme sur les pauvres, ainsi Dieu aime tout le monde, dit Jésus. Il ne s’est pourtant identifié ni aux mauvais ni aux riches, mais aux pauvres. Il s’est adressé au cœur des mauvais et des riches, mais à partir du cœur des pauvres.

Il s’est identifié aux pauvres en devenant l’un d'eux et en faisant siens leurs gémissements et leurs espoirs. S'il a aimé l’humanité entière, ce fut vraiment à partir du cri des pauvres et à partir de leurs rêves les plus fous. Ce sont eux, les pauvres, qui ont inspiré à Jésus les Béatitudes et la grande merveille du Royaume. Sans les pauvres, l'évangile n'existe simplement pas. Et Jésus non plus.

Il a aimé les pauvres au point de se donner entièrement à la tâche de redonner vie et espoir aux rejetés qu’il croisait sur son chemin. Il les traitait comme des personnes qui ont un nom et un visage. Il était pour eux l’occasion de prendre la parole, de crier leur vérité. Il les écoutait, leur ouvrait les bras, leur tendait la main, les relevait. Sur les pas de Jésus la vie fleurissait.

 Quand en chemin il croisait des riches qui exploitaient le peuple, il ne les maudissait pas. Parfois il allait banqueter avec eux. Mais il entrait chez eux comme pauvre, tel qu’il était, et il ne changeait pas son discours pour leur plaire. Il profitait même de l’occasion pour leur dire quelques bonnes vérités. Il ne cassait rien mais ne faisait aucune concession.

Si Jésus est la Parole créatrice de Dieu  ensemencée dans notre terre, cette parole ne peut être que la parole des appauvri-es. Pour que Dieu nous parle, nous devons écouter les pauvres. Si nous voulons connaître Dieu, nous devons connaître les pauvres. Si nous voulons nous approcher de lui, nous devons nous approcher d’eux.  
   
Mais les pauvres ne sont pas tous des saints. Il y en a parmi eux  qui sont détestables, répugnants, bêtes, méchants, fourbes, profiteurs, paresseux, envieux, arrogants et violents. Pour comble, la plupart d’entre eux rêvent de devenir comme les riches. Comment Dieu peut-il donc nous parler par cette masse informe de braves gens dans laquelle se mêlent comme dans un dépotoir  tous les « rebuts » de l’humanité? 

La même question pourrait être posée au sujet  de Jésus qui fut lui-même rejeté comme un « rebut » de l’humanité. Il a  été excommunié de sa communauté, soumis à la torture comme un criminel, accusé d’être un  apostat et  un subversif, et crucifié comme un ennemi de la Religion et de la Patrie. Pourtant, ce « rebut» de l’humanité, nous le vénérons comme le « Sauveur » du monde.

Ce qui veut dire pour nous, les chrétiens,  que c’est là, dans la misère humaine,  qu’est enfouie la Parole suprême  du  Dieu qui recrée l’humanité.

On objectera qu’à la différence des pauvres, qui sont des pécheurs comme tout le monde, Jésus était « innocent »  et que s’il a été réduit à un « rebut »  de l’humanité, ce ne fut pas par sa faute, mais par l’injustice qu’on lui a fait subir.

Ce même jugement devrait tout autant  s’appliquer aux pauvres, car eux aussi sont innocents.

Ils sont les créatures d’un système délirant et pervers qui depuis des siècles les fabrique par centaines de millions dans l’unique but d’enrichir toujours plus ceux qui possèdent déjà tout.

Ce système est un monstre. Il ne cesse de grossir en toute impunité, grâce, en particulier,  à la complicité d’un tas de  «bonnes gens» comme nous qui croyons encore bêtement aux vertus des plus forts, et aux miracles de la guerre et de  l’argent. Ironiquement nous prétendons être des piliers de la démocratie et du christianisme. Et il nous arrive même de prier  Dieu de bénir tout cela.

Pourtant, dans un monde qui regorge de richesses, la pauvreté est le crime le plus abominable contre l’humanité. Et les victimes de ce crime ne sont pas des extraterrestres mais des êtres humains qui sont rien de moins que des membres de notre propre corps.

Fasse le ciel que les cris de nos pauvres nous percent  le cœur, que leurs tares nous fassent horreur,  que leurs souffrances nous blessent assez fort pour qu’éclate l’épaisse bulle de notre inconsciente tranquillité!

La nouvelle évangélisation devra se bâtir sur les attentes criantes des appauvri-es de la Terre, autrement elle s’écroulera comme cette maison dont Jésus dit qu’un idiot l’avait bâtie sur le sable plutôt que sur le roc; au premier coup d’eau elle fut emportée comme un fétu de paille (Matthieu 7, 26-27).  

            
 Eloy Roy
       






27 octobre 2012

UN DÉTAIL CONCERNANT LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION




Un "tout petit" détail au sujet d’une évangélisation qui se veut  réellement " nouvelle" :
à l’intérieur d’une société où la laïcité est pratiquement la norme,  l’église,  qui est elle-même massivement constituée de laïcs, ne devrait pas se sentir comme un poisson en dehors de l’eau… Car l’église, c’est d’abord 99.9997% de laïcs, et Jésus est l’un d’eux!


UNE ÉGLISE CATHOLIQUE  ET… LAÏQUE



Le mot « laïc » est un vieux terme que l’Église utilise pour désigner  les personnes qui ne font pas partie du « clergé ».  À échelle mondiale, le clergé catholique compte environ 413 000 membres, tandis que le nombre officiel de laïcs (dont une majorité est non pratiquante) s’élève plus ou moins à 1 195  600 000.

Le clergé forme donc à peu près 0.0003% de l’église catholique, et les laïcs : 99.9997%. Aussi bien dire qu’il tient à un cheveu que l’église soit  laïque de part en part.

Jésus lui-même ne faisait pas partie du clergé; d’ailleurs, il n’était pas prêtre. Dans notre langage à nous, il était « laïc »  au sens strict du terme. (Hébreux 8, 4). Bien qu’après sa mort, la foi des fidèles l’ait proclamé prêtre pour servir de pont entre Dieu et les humains, Jésus, de son vivant sur terre, n’a jamais été qu’un laïc. 

Ce qui ne  l’empêchait pas d’être religieux. 

Mais religieux de quelle religion?

La religion du laïc Jésus était celle de ses ancêtres juifs comme l’entendait la grande majorité des religieux de son peuple. Mais, à l’intérieur de cette religion, Jésus faisait figure d’un révolutionnaire. Il disait et faisait des choses qui surprenaient.


Le Dieu des ancêtres, disait-il, oui, mais pas exactement comme vous le voyez. La religion héritée des sages et des saints, oui, mais pas exactement comme vous l’entendez.

Dieu n’a pas de propriétaire. Personne n’a le droit de l’enfermer  dans les concepts et les dires d’aucune époque. On ne peut pas le garder sous verrou dans une cage de fer dont les clefs seraient confiées pour l’éternité à une caste d’individus oints pour en être les interprètes exclusifs et les porte-parole infaillibles.   

Le Dieu vivant est le Dieu d’aujourd’hui pour les humains d’aujourd’hui. Il n’éclaire pas d’abord par les lois et les traditions du passé, toutes saintes qu’elles soient, mais par son Esprit, qu’on ne peut pas enchaîner. Il n’a rien d’une chose fixe celui-là même qui est l’énergie créatrice du monde. Il est  toujours en action. Il souffle en direction des quatre coins de l’univers. 

L’Esprit de Dieu ne porte pas d’étendard et n’obéit aux normes d’aucune religion en particulier,  ni d’aucune secte. Il est comme le vent. Il ne connaît pas de barrières ni de frontières (Jean 3, 8).

Cet Esprit, Dieu le répand largement,  joyeusement et gratuitement  sur tous ceux et celles qui ont faim et soif d’une vie qui les remplisse à pleins bords (Joël 3, 1; Actes 2, 14-17; Luc, 11,13).

Les dérangeantes remises en question du laïc  Jésus exaspérèrent tellement  les « propriétaires » de la religion (soit le clergé de l’époque), qu’ils s’en sont vite débarrassés en le faisant crucifier.  

Nous aussi, à la suite du laïc Jésus, nous devrions distinguer entre religion et religion, entre église et église.

Il existe une église qui fait cette distinction.

À la suite du laïc Jésus, et dans la grande mouvance de la laïcité de la société moderne, cette église se met au service de la liberté des humains. Elle n’accepte plus de séparation entre le sacré et le profane, entre les clercs et les non-clercs, les chrétiens et les païens, les hommes et les femmes.
Non seulement cette église ne craint pas de concilier les grandes valeurs  du monde moderne avec l’évangile, mais, stimulée au contraire par elles, elle renoue avec l’incroyable esprit de liberté de Jésus et les plus belles audaces des premiers témoins de l’Évangile.

Or,  cette église n’est pas hérétique ni schismatique. Elle est bel et bien «une, sainte, catholique, apostolique» et… LAÏQUE!

Des prêtres, des évêques, des religieux et religieuses font partie de cette communauté de laïcs, dans laquelle ils rendent des services précis, sans pour autant s’en rendre maîtres.

La laïcité moderne ne s’oppose pas, en soi, à l’évangile. Elle peut regarder avec un œil critique, mais généralement elle ne méprise pas le témoignage glorieux de centaines de milliers d’hommes et de femmes d’église qui, pour l’amour de l’évangile,  pendant des siècles ont porté sur leurs épaules la souffrance du monde. Ce qu’elle rejette, c’est le cléricalisme.

Elle s’insurge, et non sans raison, contre le système ecclésiastique qui, en se  cuirassant abusivement derrière l’évangile, a développé un pouvoir immense, absolument  étranger à l’évangile lui-même.

Convaincu d’être mené par la main de Dieu, ce pouvoir n’a rien épargné au cours des siècles pour imposer son autorité à toute la société. En se cachant derrière un droit supposément divin, il ne s’est jamais gêné de  disposer des libertés les plus élémentaires de la personne et de la communauté humaine.

En réaction à cette menace de contrôle de la religion sur tous les aspects de la vie humaine, le monde laïc moderne refuse que le gouvernement des peuples soit assujetti aux dogmes de toute espèce d’ayatollahs,  y compris, bien sûr,  les ayatollahs catholiques…Car le monde moderne, c’est, avant tout, la communauté humaine elle-même qui se prend en main et assume la pleine responsabilité de tout ce qui la concerne.

Bien que beaucoup de ses partisans ne soient pas croyants, la laïcité du monde moderne ne s’oppose pas tellement à Dieu comme à tout ce qui infériorise la société, l’infantilise, la rend dépendante d’absolus qui mettent en péril l’exercice de sa liberté et de ses droits.

La laïcité du monde moderne n’est pas une menace contre Dieu, elle qui est la mère des libertés civiles, dont, au premier chef, la liberté de religion et la liberté de conscience.

En réalité, cette laïcité, qui ne s’identifie à aucun credo ou religion, rend un grand service aux chrétiens. Car la gloire du Dieu de ce Jésus dont les chrétiens ont la mission de rendre témoignage, se compare à la gloire de tout bon père ou mère de la terre. Après avoir souffert avec leurs enfants pour qu’ils s’émancipent et se libèrent, la plus grande fierté des parents, c’est de voir enfin leurs enfants voler de leurs propres ailes.

S’affranchir de Dieu, se libérer de Dieu? Quel blasphème! Mais non, car, au fond, on ne peut tout de même pas se libérer de la liberté… Or Dieu est Liberté. Et l’homme et la femme en sont l’image.

Les personnes qui croient en un Dieu, source intelligente et aimante de tout ce qui existe,  savent très bien que ce Dieu, contrairement à ce que l’on pense, croit en l’humain. Ce Dieu a une confiance profonde aux êtres de chair que nous sommes, malgré que bien souvent nous rejetions et crucifions la vie.  

Les croyants de ce Dieu savent que l’humanité n’est pas traversée que par des forces de destruction mais aussi par de grandes  énergies de sagesse et de vie. Ils savent que le monde des humains a tout ce qu’il  faut pour se débrouiller au milieu de ses contradictions et qu’un jour il en sortira  victorieux. Il en sortira blessé, sans aucun doute,  mais débordant de vie.   

Autrement, comment pourraient-ils croire encore que l’Esprit de Dieu remplit l’univers et que lui-même donne haleine au grand projet de l’humanité?…

C’est ici que la société laïque, sans le savoir, rejoint le laïc Jésus, lui  qui n’a  jamais admis qu’au nom de Dieu ou de lois supposément divines, le plus simple des mortels soit persécuté, discriminé, opprimé, marginalisé ou abandonné. Lui qui, pour avoir émancipé tant de pauvres gens qui ployaient sous le fardeau que leur imposait le monde religieux, et qui, à cause de cela et pour cela, a été assassiné par… la religion…

Grâce à Dieu, il existe actuellement dans l’église catholique  des courants qui se situent dans cette ligne « laïque » selon l’esprit de Jésus… Et cela, sous la barbe même d’honorables « pères » qui, en haut lieu, déchirent leurs vêtements, multiplient  les mises en garde et vouent aux limbes ces effrontés qui font pâlir leur pouvoir... 

Heureusement, il y a aussi dans l’église d’autres pères qui bénissent cette graine d’infidèles. La bravoure n’est pas leur fort. Mais quand les vents  leur seront  favorables, ils sortiront de l’ombre…

Chose certaine, c’est qu’un jour viendra où on entendra de nouveau une église, libérée de ses entraves,  proclamer sur tous les toits et de façon crédible que « Dieu aime tellement notre monde  réel - avec ses errements, ses rêves, ses audaces et ses grandeurs -, qu’il lui donne son fils, non pour condamner ce monde,  mais pour que par lui ce monde trouve la vie (Jean 3, 16-17) et la trouve  en abondance» (Jean 10, 10).

C’est cette Parole que le monde moderne a soif d’entendre. Une parole vraie et aimante qui libère,  et soit source d’une constante renaissance.

                                                                  Eloy Roy



16 octobre 2012

50è ANNIVERSAIRE D'UN CONCILE EN FAILLITE




ÉGLISE-TITANIC ET NOUVELLE ÉVANGÉLISATION



Chère Église, tu n’es plus la barque de Pierre, mais un vétuste  vaisseau de l’orgueilleuse et maintenant défunte  White Star Line. Imbue de tes gloires passées, tu te crois insubmersible car tu dis : « Je suis infaillible! »… Ouvre les yeux. La banquise est tout près de toi, là, sur ta droite.

Donne vite  à ton bateau un vigoureux coup de barre à gauche, sinon tu vas sombrer comme le Titanic, toi la reine des mers, toi la nouvelle Tyr… (Ézéchiel 27, 25-36).  Le devoir de conversion, c’est aussi pour toi, tu le sais bien.

Il est vrai qu’à gauche il y a plein de risques, mais aujourd’hui c’est là que se trouve le poisson.

C’est à gauche qu’habitent le rêve, le cœur, l’utopie, l’intuition de ce Royaume pour lequel Jésus a donné sa vie. Ou bien tu mets résolument le cap vers ces terres encore mal défrichées qui ont besoin de toi, ou bien tu coules à pic au fond de l’océan.

Depuis Marshall McLuhan, tout le monde sait que « le message, c’est le médium », ou, si tu préfères, « le message, c’est le messager ». À force de ne pas vivre en  accord avec ce qu’il tente de transmettre, le messager finit par perdre toute crédibilité;  souvent on se retourne brusquement  contre lui et on va même jusqu’à piétiner son message.

Aujourd’hui beaucoup de gens se moquent de Dieu ou ne prêtent plus attention à l’Évangile, simplement parce l’Église qui se présente à eux comme en étant l’authentique messagère, a perdu à leurs yeux toute crédibilité.

Je parle ici de la grande Église dans sa réalité impériale avec ses structures, ses attitudes, ses manières de faire, sa morale, ses discours et son attirail d’époques mortes. Je ne me réfère nullement à ces groupes de fidèles au cœur généreux qui réussissent encore à se maintenir  debout  un peu partout dans le monde, malgré que bien souvent ils ne comptent pour rien aux yeux de la grande Église ou qu’ils se voient la plupart du temps forcés de vivre en marge d’elle.

En ce moment, toi qui t’identifies si « humblement »  comme la véritable et unique Église du Christ, tu te proposes fermement de ré-évangéliser  cette partie du monde que tu as perdue. Rien de plus normal puisque c’est pour cela que tu as été inventée. Cependant,  pour atteindre ce but, il n’existe qu’un seul moyen: que toi-même tu deviennes Évangile des pieds à la tête, dans ton cœur, dans tes vertèbres, dans tes os, c’est-à-dire dans ta mentalité, dans ton organisation, dans ton mode de vie, dans ta parole et dans ton esprit.  

Le grand obstacle à l’évangélisation, vois-tu,  c’est toi-même. Regarde-toi dans le miroir et dis-moi si Jésus se reconnaîtrait en toi. Est-ce que l’Évangile de Jésus pourrait se lire aisément sur les traits de l’image que tu y vois? Je te parie que non. Ce serait comme demander à un analphabète de déchiffrer des hiéroglyphes mayas ou des idéogrammes chinois. En tout cas, moi, je ne peux pas faire cette lecture, même si j’ai quelques notions de chinois…

De grâce,  cesse  de confondre la Bonne Nouvelle de Jésus avec ton indécent et ridicule alignement sur l’auguste racaille qui  fraude et accable le monde.

Renonce à ton obsession maladive pour le sexe; elle est parvenue à prendre chez toi toute la place qui revient pourtant, exclusivement et de droit divin,  à la joyeuse annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux opprimés.

Cesse de voir des ennemis partout, alors que ton pire ennemi c’est toi-même.

De plus, au lieu de te sentir continuellement persécutée par le monde entier, commence par mettre fin à tes propres  persécutions à l’endroit de ceux et celles qui fort heureusement ne pensent pas toujours comme toi.

S’il t’en coûte trop de prêcher toute la vérité de Jésus face aux crimes contre l’humanité dont le monde ne cesse de s’abreuver, tu ferais mieux de te taire. Car, à force d’ajuster l’Évangile à tes intérêts de classe, tu l’as rendu stérile et aussi néfaste que le mensonge.

Si, enfin, tu t’imagines qu’il y a en toi des choses qui ne peuvent ni ne doivent être changées, ce sera la preuve ultime que tu te prends pour Dieu et qu’il n’y a vraiment plus rien à attendre de toi (Ézéchiel 28, 1-19).

Mais je sais que tu peux éviter la banquise, si tu le veux.

                                       
                                                                         Eloy Roy, pécheur

5 octobre 2012

POUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION


 LA FEMME COURBÉE



La femme ne pouvait pas se tenir droite.  Depuis dix-huit ans, depuis dix-huit siècles, depuis des millénaires,  elle vivait pliée en deux, emprisonnée, ligotée.

C’était l’œuvre du diable, disait-on. Car les femmes avaient des accointances avec le diable. C’était chose connue.  Elles usaient du diable pour faire des affaires bizarres. Des guérisons, par exemple.  Avoir des bébés. Voir des choses…

D’abord on a habillé les femmes des pieds à la tête, on les a enfermées, on les a cloîtrées et on en a lapidé beaucoup parce qu’on croyait qu’elles étaient toutes plus ou moins putains. On les rendait responsables des vices et des péchés des hommes. Un homme  violait, étranglait, massacrait, tuait, on disait : «cherchez la femme ».

Ensuite on les a brûlées vives. Si un malheur s’abattait sur le village,  c’était la faute de la sorcière. On lançait alors la chasse aux sorcières. On finissait toujours par en trouver une. Y avait-il une femme qui se montrait  trop entichée des chats,  cueillait des champignons étranges dans les bois, allait beaucoup à la messe ou n’y allait pas du tout, avait les yeux rouges (à force de cuisiner au-dessus de la flamme de l’âtre, comment pouvait-il en être autrement? Mais on ne pensait pas si loin…); avait- elle une verrue ou quelque tache bizarre sur le corps? Rien de plus clair, c’était une sorcière!  On la brûlait vive sur la place du marché. Mort le chien, finie la rage… Plus de grêle, plus de grippe, plus d’incendies, plus de maux de dents au village. Pour un moment du moins. Tout le monde était content.

Depuis dix-huit siècles, depuis des millénaires, on soumettait les femmes à des tâches répugnantes et à des travaux très durs.  Et même à la mutilation, comme il arrive encore dans certaines cultures.  Ou au viol, à l’esclavage sexuel et aux crimes d’honneur, comme il arrive tous les jours.  Des centaines de millions de femmes ont été empêchées de naître, ou ont été tuées à leur naissance, pour la seule « erreur » de ne pas être mâles. Car être femme, pour  bien du monde, c’est encore une tare, un accident de la nature, au mieux : un mal nécessaire.

Elles avaient le droit d’être servantes, jouets, poupées ou trophées de l’homme. Elles avaient le devoir de faire jouir le mâle et de lui donner des descendants, mais il ne fallait pas qu’elles-mêmes jouissent.  Les mâles les aimaient, sans doute, mais dans ces conditions.

Elles pouvaient broder et jouer du piano, mais les grandes études leur étaient interdites; elles ne pouvaient pas faire de chèques ni signer de contrats,  ni voter. Pour entrer dans une église elles devaient être  enveloppées de milliers de jupons.

Puisque tel était le sort des femmes, il n’est pas étonnant qu’au sortir du lit, le bon Juif orthodoxe fasse  encore chaque matin cette prière à Dieu: « Je te remercie, Seigneur, de ne pas m’avoir fait femme. »

Dans nos sociétés moins traditionnelles, les choses ont changé. Par des combats épiques, qu’elles ont menés toutes seules, sans armes et sans verser une goutte de sang, les femmes ont réussi à conquérir la reconnaissance de leur dignité et de leurs droits essentiels. Mais elles n’ont pas fini. Beaucoup de chemin reste à parcourir  pour que partout sur la planète toutes les femmes soient heureuses d’être femmes.  

En Amérique latine, là où se trouve la plus grande concentration de catholiques au monde, les églises sont remplies de femmes. Sans elles, l’Église serait morte.  Mais là, comme dans d’autres pays, la haute hiérarchie catholique a décrété que Dieu,  en créant la femme, l’a irrémédiablement rendue incapable de célébrer une pauvre messe. Cela serait inscrit pour l’éternité dans le génome féminin…

Cette haute hiérarchie s’affaire actuellement à mobiliser toutes les forces de l’Église pour se lancer dans une « Nouvelle évangélisation » à échelle mondiale. N’en déplaise à ces vénérables barbes, voici une Bonne Nouvelle de Jésus qui devrait être inscrite  pour l’éternité dans le génome même de l’Église :

Une femme était là. Elle ne demandait rien. Depuis dix-huit ans,  elle vivait pliée en deux, enfermée sur elle-même, ligotée.  Elle était « tellement courbée qu’elle ne pouvait absolument pas se redresser ».  Jésus la vit et en fut touché jusqu’aux tripes. Il étendit sur elle sa main fraternelle et lui  dit : « Femme, tu es libérée! »   À ces mots, la femme s’est dressée droite comme un arbre (Luc 13, 10-14).

La haute hiérarchie s’en prit immédiatement à Jésus pour avoir osé faire pareille chose, le jour sacré du sabbat. Cela était défendu en vertu d’une loi immémoriale.


Les enragés du sacré, gardiens de l’ « immuable », sont tous pareils : pour eux une femme vaut moins qu’une ânesse ou une vache (voir le texte), et tout ce qui échappe à leur contrôle vient du diable.

Ironiquement, c’est parce qu’elle s’attache mordicus à des lois, à des croyances et à des pratiques « immuables » que notre pauvre Église (qui, par ailleurs, a fait de grandes choses dans son histoire) s’est transformée elle-même en une vieille femme toute courbée. Souhaitons qu’en réactualisant la Bonne nouvelle d’un Jésus qui redresse la femme courbée, elle trouve le goût de se relever droite comme un arbre. Et qu’au nom de Jésus,  elle fasse en sorte que, dans toutes les églises et partout sur la Terre, les femmes marchent la tête haute. Et qu’elles puissent même célébrer la messe sans crainte d’offenser Dieu…

Comment offenseraient-elles ce Dieu génial qui a eu la bonne idée de  créer les femmes, autant que les hommes, « à son image et à sa ressemblance » (Genèse, 1, 26-27)?



                                                               Eloy Roy




3 octobre 2012

UN AUTOMNE MAGIQUE


Mes photos: Les feux de l'automne 2012
                                                                 ou PICASA

17 septembre 2012

LE SYNDROME DE L’ALOUETTE DÉPLUMÉE




C’est chose connue, la consommation est le secret de la croissance économique. Mais lorsqu’on en arrive à vivre pour consommer au lieu de consommer pour vivre, la consommation se transforme en un véritable cancer qui mène la société tout droit  à son autodestruction.  

Car en consommant  comme des bêtes insatiables, nous engraissons ceux-là mêmes qui nous dévorent. C’est-à-dire les Banques, les multinationales,  les paradis fiscaux (avec leurs 31 trillions de dollars  qui échappent à l'impôt!) et tous les puissants lobbies qui, pour en mettre plein les poches à leurs actionnaires, mènent par le bout du nez l'économie,  et donc la politique, de tous les pays du monde. C’est ainsi que notre consommation effrénée ne cesse de faire sauter les records d’obésité chez ceux qui constituent le 1% de la faune humaine, et condamne au régime sec le reste de l’humanité.

Plus nous achetons, plus nous faisons tourner la machine à production qui ne cesse d’encombrer la planète de choses inutiles et souvent nuisibles. Les dettes nous écrasent. Pour s’en sortir il faut se fendre, non plus en quatre, mais en dix… D’étranges maladies nous accablent, et notre environnement, la branche sur laquelle nous sommes assis, chaque jour se fait scier un bout de plus.

Pour comprendre mieux le mécanisme de ce drame dans lequel notre consommation déraisonnable joue un rôle majeur, je vais vous raconter une autre histoire d'oiseau qu’un ami a trouvée sur l'Internet et a eu la gentillesse de me transmettre. Elle est attribuée à Luther Burbank, un célèbre botaniste américain (1849-1926).

          Il était une fois une alouette qui aimait beaucoup voler,
          mais détestait fouiller la terre 
          pour en tirer les vers dont elle devait se nourrir. 

          Un beau jour, elle passa près d’un petit homme qui 
          criait : «  Je vends des vers de terre! Deux vers de 
          terre pour une plume! » Sans y penser deux fois,
          l’alouette arracha une plume de ses ailes et la 
          changea pour deux vers de terre. Elle était au 
          comble du bonheur.

          Le lendemain, elle alla trouver de nouveau le 
          petit homme et lui donna une autre plume
          en échange de deux vers. Il en fut ainsi pendant 
          quelques semaines, jusqu’au jour où l’alouette 
          constata qu’elle avait beau battre des ailes, elle
          ne pouvait plus voler.
       
          À son grand désarroi et à sa courte honte, l’oiseau 
          dut donc se résoudre à se traîner sur le sol 
          et  réapprendre à le fouiller de son bec pour survivre.  
          Il était bien fâché d’avoitroqué sa liberté et son âme 
          d’alouette pour un vulgaire plat de lentilles…

Il est bien possible que, poussés par la magie du crédit et par les milliards d’occasions de faire de bonnes affaires, les individus et les nations qui ne pensent qu’à consommer aillent rejoindre avant longtemps notre malheureuse alouette déplumée.
L’Évangile de Jésus ouvre le chemin vers la vie en surabondance,  mais ce chemin, comme on le sait, n’est pas toujours la grande autoroute que nous aimerions. Pas de doute que l’Évangile veuille à tout prix nous prévenir contre la fièvre de la consommation et contre son infectieux rejeton: le « syndrome de l’alouette déplumée ».
                                                                                                       Eloy Roy

8 septembre 2012

« L’ÉVOLUTION » SELON JÉSUS La vérité sur nous-mêmes




Soumis à la loi de la croissance, le vivant ne se réalise que par étapes, de façon progressive, le plus souvent sans heurts, mais parfois par bonds ou même par explosions.

Dans l’enfant se trouve déjà l’adulte, mais l’adulte n’apparaît qu’à la suite d’une longue série de transformations.  Depuis le ventre maternel jusqu’au tombeau, on devient autre, tout en ne cessant jamais d’être le ou la même.

Ce qui est vrai pour l’individu l’est aussi pour l’humanité entière. Parce qu’elle est vivante, l’humanité elle-même est en croissance permanente. Comme chaque individu, elle va progressivement de l’enfance vers la maturité. Émergeant de la nuit profonde de l’inconscient, elle se dirige tout doucement vers la pleine conscience.  L’humanité est en   « évolution ». 

Lorsqu’elle atteindra le sommet de ce long processus de transformation, elle se mettra à décliner et finira par s’éteindre.  
Mais il se pourrait aussi qu’elle ne s’éteigne pas. Car quelque part, au creux de notre être, palpite un instinct qui s’oppose  à toute forme d’extinction.  Une intuition, très  subtile mais insistante, qui s’attend à ce que, tôt ou tard, quelque chose d’autre se produise.

Ce « quelque chose d’autre », l’Évangile de Jésus le confirme avec une simplicité désarmante et une certitude absolue. En fait, Jésus ne  parle que de cela. Son enseignement est entièrement centré là-dessus.
Pour lui, la grande aventure humaine est « enceinte » d’une réalité qui se trouve à la  racine même de l’être; elle grandit en lui  et finit par le dépasser jusqu’à l’infini.  Il lui donne le nom de «  Royaume de Dieu ».

Cette aventure, qui  a des origines extrêmement modestes, se déroule lentement dans le temps pour aboutir finalement à une véritable apothéose.
« Apothéose » veut dire «divinisation ». Ce que Jésus nous transmet depuis le plus profond de ses entrailles, c’est la certitude que  notre réalité de « terreux », nés de la poussière et destinés à la poussière,  est gracieusement assumée par le Souffle de Dieu et transformée dans la  pure lumière d’une communion plénière avec l’intime même de l’Être de Dieu.

Cette intuition, cet instinct, cette réalité mystérieuse habitée par l’Esprit de Dieu, se trouve enfouie dans l’être de tous les humains, dans leur histoire et dans le cosmos comme un grain semé en terre. Jésus la compare à la  plante d’un potager qui, au début, n’a mine de rien mais, après un certain temps, dépasse les autres plantes et finit pas ressembler à un arbre qui fait la joie des oiseaux du ciel.

C’est dans ce langage d’une petite graine de rien qui devient la plus haute plante d’un potager, de grains de blé qui deviennent du pain, de levain qui fait lever toute la pâte, de pain qui devient chair et de vin qui devient sang du Vivant  que Jésus nous parle de « l’évolution » et de son aboutissement au-delà de toute espérance.  

Oui, il s’agit bien de « l’Évolution », de celle-là même qui est encore tant décriée par l’orgueil des ignorants. Celle qui nous révèle que nous sommes des poissons devenus des singes (n’est-ce-pas admirable?), des animaux à quatre puis à deux pattes, faits pour être debout, capables de réfléchir, de raisonner, de rêver, d’aimer; capables de grande poésie et d’incroyables dépassements. Sans doute capables également de la plus bête inconscience et de la plus effroyable cruauté, mais, par la miséricorde et pure bonté de Dieu, capables de devenir  des créatures éblouissantes de lumière jusqu'à en faire l’envie  des anges…

Nous sommes des êtres inachevés, des êtres en route, des êtres en devenir. Nous ne sommes pas complets encore, nous ne sommes pas arrivés à terme, pas parvenus à maturité, pas parvenus à notre plein épanouissement. Ce que nous sommes aujourd’hui est à peine l’ombre de ce que nous serons demain.

Il y a de la semence de mort en nous. Mais il y a aussi de la semence de vie. La Bonne Nouvelle, c’est que cette semence va pousser jusqu’à ce que la vie l’emporte sur la mort. Et que cela, un jour, va se réaliser pleinement.

                                                                  Eloy Roy

  OPTION JOIE! Le monde est à l’envers. Notre planète s’en va chez le diable. Comme lave de volcan des fleuves de sang coulent sur les f...